Les urgences humanitaires complexes se caractérisent par un effondrement des systèmes de santé. Il a été démontré que l’augmentation de la mortalité toutes causes confondues et la surmortalité non violente (principalement due aux maladies infectieuses) dépassent en nombre les morts violentes, même dans des conflits exceptionnellement brutaux. Cependant, les populations touchées sont très hétérogènes et les réfugiés, les personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) et les populations résidentes (non déplacées) diffèrent considérablement dans leur accès aux services de santé. Notre objectif est de montrer comment cela se traduit en résultats de santé en quantifiant la surmortalité toutes causes confondues dans les situations d’urgence selon le statut de déplacement. Les sources de données standards sur la mortalité ne représentant que mal ces populations, nous utilisons les données du CEDAT, une base de données établie par les agences humanitaires pour partager les données opérationnelles de santé collectées pour la planification, le suivi et l'évaluation de l'aide humanitaire. Nous avons obtenu 1 759 estimations du taux brut de mortalité (TDC) à partir d'évaluations d'urgence menées entre 1998 et 2012. Nous définissons la surmortalité comme le ratio du TDC dans les évaluations d'urgence par rapport au « TDC de référence » (tel que rapporté dans les Indicateurs de développement dans le monde). Ces taux de mortalité (DRR) sont calculés séparément pour toutes les évaluations d'urgence et leur répartition est analysée par statut de déplacement à l'aide de statistiques non paramétriques.

Nous avons constaté une surmortalité significative chez les déplacés internes (DRR médian : 2,5 ; IC 95 % : [2,2, 2,93]) et les résidents (DDR médian : 1,51 ; IC 95 % : [1,47, 1,58]). La mortalité chez les réfugiés n’est cependant pas significativement différente de la mortalité de base dans les pays d’accueil (RRC médian : 0,94, 95, IC % : [0,73, 1,1]). Les agences humanitaires signalent les taux de surmortalité les plus élevés parmi les personnes déplacées, suivies par les populations résidentes. Toutefois, en termes absolus, en raison de leur part élevée dans le nombre total de personnes à risque, les résidents sont probablement responsables de la plupart des décès excédentaires dans les situations d'urgence actuelles. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les faibles estimations de la surmortalité chez les réfugiés sont le résultat d’interventions humanitaires réussies ou si elles sont dues aux limites de nos méthodes et de nos données.