La « justesse » d’une technologie pour accomplir une tâche particulière est négociée par les professionnels de la santé, les patients, les institutions publiques, les entreprises manufacturières et les organisations non gouvernementales. Cet article montre comment certaines technologies peuvent remettre en question le sens du « travail » pour lequel elles sont conçues. L'aspiration manuelle sous vide (AMIU) est un dispositif de seringue pour l'évacuation utérine qui peut être utilisé pour traiter les complications d'un avortement incomplet, connues sous le nom de soins post-avortement (PAC), ou pour interrompre une grossesse. L'auteur a mené une ethnographie du programme SAA au Sénégal entre 2010 et 2011. Les méthodes de collecte de données comprenaient des entretiens avec 49 professionnels de la santé, l'observation du traitement SAA et l'examen des dossiers d'avortement dans trois hôpitaux, ainsi qu'une revue de la littérature transnationale sur l'AMIU et les SAA. Même si l'AMIU était la forme d'évacuation utérine la plus fréquemment utilisée dans les hôpitaux, les inquiétudes concernant les pratiques d'AMIU non conformes ont contribué à la persistance de méthodes moins efficaces telles que la dilatation et le curetage (D&C) et le curetage numérique. Les inquiétudes quant à la capacité de l'AMIU à provoquer un avortement ont limité son intégration dans les soins obstétricaux de routine. Cette capacité pose également la question de ce que représente le « métier », PAC, dans les hôpitaux sénégalais. La priorité accordée à la sécurité de l'AMIU plutôt qu'à l'accès des femmes à la technologie préférée renforce les inégalités entre les sexes dans les soins de santé.