Cet article étudie le lien entre l'ethnicité et les conflits violents au Congo. Nous avançons trois arguments imbriqués. Premièrement, cette ethnicité est une ressource politique déterminante dans la politique et les conflits violents du Congo, que nous appelons le « capital ethnique ». Deuxièmement, la haute valeur politique de ce capital ethnique est soutenue par des discours et des pratiques ethniques enracinées. Ces discours et pratiques imprègnent l'ordre politique du Congo, façonnent la compréhension que les gens ont de la politique, des conflits et des identités politiques, et ont contribué à la formation d'un ordre politique instable, centrifuge et fragmentaire. Troisièmement, conceptualiser l’ethnicité comme capital démantèle le dualisme artificiel entre le domaine symbolique des identités et le domaine matériel de l’économie et permet d’aller au-delà des compréhensions primordialistes, instrumentalistes et purement symboliques du lien entre conflit et ethnicité.

En fin de compte, l’enjeu de cette compétition est la répartition des ressources symboliques et matérielles.