Les mutilations génitales féminines (MGF) sont une pratique culturelle profondément ancrée qui implique l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales. Elles sont reconnues comme une grave violation des droits de l’homme. Chaque année, quatre millions de filles dans le monde sont soumises à cette pratique, et quatre survivantes de MGF sur dix vivent dans des pays fragiles et touchés par des conflits.1 La pratique des MGF est abordée dans l’Objectif de développement durable 5.3 des Nations Unies. Cet objectif vise à éliminer toutes les pratiques néfastes, y compris les MGF et les mariages d’enfants, précoces et forcés, d’ici 2030, y compris parmi les personnes vivant dans des zones touchées par des crises et/ou les personnes déplacées de force. Les pays qui accueillent des réfugiés, des demandeurs d’asile et d’autres migrants doivent veiller à ce que les stratégies nationales de lutte contre les MGF soient pertinentes et adaptées aux diverses populations que les pays ont la responsabilité de protéger. Ces stratégies doivent également tenir compte des vulnérabilités supplémentaires que ces populations peuvent présenter, liées aux conflits et aux déplacements.

Cette note d’information du SSHAP se concentre sur le contexte des MGF chez les populations soudanaises en Égypte, qui constituent actuellement le plus grand groupe de personnes déplacées de force (réfugiés, demandeurs d’asile et migrants sans papiers) dans ce pays depuis l’escalade du conflit armé au Soudan en avril 2023. L’Égypte et le Soudan ont tous deux des taux de MGF parmi les plus élevés au monde. Cette note d’information examine le contexte des MGF et l’évolution des programmes de lutte contre les MGF dans les deux pays. Elle examine les facteurs et la dynamique des pratiques de MGF dans le contexte des déplacements forcés afin d’éclairer les stratégies culturellement sensibles de prévention et de réponse aux MGF pour les Soudanais déplacés de force en Égypte. Elle s’appuie sur la littérature universitaire et grise ainsi que sur des consultations avec des experts travaillant avec les populations touchées en Égypte.

Considérations clés

  • Encourager un encadrement respectueux des MGF en tant que pratique culturelle. Les personnes déplacées d’origines diverses, comme les communautés soudanaises, sont déjà victimes de discrimination en Égypte. Présenter les MGF de manière négative risque d’aggraver leur sentiment d’aliénation et d’inacceptation. Une approche plus sensible aux différences culturelles reconnaît la diversité de leurs pratiques culturelles. En impliquant ces communautés de manière collaborative dans la diffusion des messages sur les MGF, on instaure la confiance et on les positionne comme des alliés clés dans les efforts visant à abandonner cette pratique néfaste.
  • Travailler dans plusieurs disciplines et secteurs pour lutter contre les impacts multidimensionnels des MGF. Les conséquences multidimensionnelles des MGF soulignent la nécessité d’une approche multisectorielle et globale pour faire face à leurs conséquences profondes, notamment les complications physiques et psychosociales, qui peuvent être chroniques, voire mortelles.
  • Aborder le problème du déplacement forcé et son impact sur les femmes et les filles. Le parcours du déplacement est jalonné d’expériences croisées de violences ; pour les femmes et les filles qui ont déjà subi des MGF, cela peut aggraver les complications médicales et psychologiques. Les programmes de lutte contre les MGF doivent tenir compte de ces vulnérabilités et veiller à ce que les services de soutien abordent les effets cumulés du déplacement, de la violence et des MGF.
  • Cultiver des partenariats culturellement sensibles en utilisant les connaissances locales. Organisations visant à promouvoir l'abandon des MGF au Soudan déplacé Les populations devraient envisager de s'associer à la société civile soudanaise, aux groupes dirigés par des femmes, aux organisations de base et aux militants locaux ayant l'expérience de la résistance à cette pratique. Ces partenaires sont mieux équipés pour comprendre les normes culturelles et sociales qui soutiennent les MGF, et la confiance qu'ils inspirent aux communautés en fait des collaborateurs idéaux. S'appuyant sur des initiatives telles que la campagne anti-MGF du Soudan, «Salima« peut compléter les efforts en cours et garantir une programmation culturellement pertinente pour les populations soudanaises déplacées.
  • Promouvoir des approches de lutte contre les MGF axées sur l’enfant par le biais d’écoles dirigées par la communauté. La collaboration avec les écoles et crèches communautaires dirigées par des Soudanais peut offrir une occasion unique de sensibiliser les enfants déplacés à l’aide de messages anti-MGF adaptés. Beaucoup de ces enfants – en particulier ceux qui ne sont pas enregistrés et sont exclus de l’éducation formelle – restent en danger. Les atteindre par l’intermédiaire d’institutions de confiance permet de garantir que les interventions s’adressent efficacement aux populations vulnérables.
  • Donner du pouvoir aux travailleurs déplacés dans les efforts d'abandon des MGF. Il est essentiel de renforcer la capacité des travailleurs déplacés à discuter de l’impact à long terme des MGF. Les programmes doivent fournir aux travailleurs déplacés les connaissances et les outils dont ils ont besoin pour engager le dialogue avec leurs communautés sur ce sujet en toute confiance et sensibilité, tout en reconnaissant la complexité des situations et des relations personnelles.
  • Renforcer les capacités des sages-femmes et des exciseuses traditionnelles en tant qu’agents du changement. Les sages-femmes et les exciseuses soudanaises ont souvent une influence considérable dans leurs communautés. Néanmoins, lorsque les sages-femmes professionnelles refusent de pratiquer les MGF, certaines familles réticentes au changement peuvent faire appel à des sages-femmes traditionnelles pour les MGF et d’autres services d’accouchement. Cela expose les filles et les femmes enceintes à un risque accru de complications obstétricales. Les programmes devraient travailler avec les sages-femmes professionnelles et traditionnelles pour gérer et orienter les complications médicales liées aux MGF, en particulier celles résultant de MGF de type 3.
  • Promouvoir l’autonomisation économique comme stratégie de prévention des MGF. En Égypte, de nombreuses personnes déplacées de force manquent d’autonomie économique, ce qui limite leur capacité à résister aux pratiques néfastes comme les MGF. L’intégration de programmes de subsistance et de formation professionnelle dans les interventions contre les MGF et les violences basées sur le genre (VBG) peut donner plus d’autonomie aux survivantes et soutenir les efforts de sensibilisation. Une attention particulière doit être accordée aux exciseuses traditionnelles, qui peuvent subir des pressions économiques pour continuer à pratiquer les MGF. Proposer d’autres possibilités de génération de revenus peut les aider à s’éloigner de cette pratique néfaste.
  • Contextualiser les interventions en matière de MGF pour répondre aux besoins des personnes déplacées. Il est essentiel de reconnaître la diversité des communautés soudanaises pour comprendre les comportements et les attitudes à l’égard des MGF. Les communautés déplacées varient dans leur adhésion aux MGF et les programmes doivent être adaptés pour refléter ces différences. La collaboration avec les personnes déplacées en tant qu’agents du changement au sein de leurs communautés s’est avérée efficace pour identifier les filles exposées au risque de MGF et répondre aux besoins spécifiques de la communauté.
  • Veiller à ce que la conception des programmes soit éclairée par la recherche et ancrée dans des données probantes. Il est urgent de mener des recherches sur l’évolution des pratiques et des attitudes en matière de MGF au sein des différentes populations soudanaises et déplacées en Égypte. Ces données permettront aux organismes d’intervention de concevoir des stratégies de protection à la fois efficaces et adaptées au contexte. Les recherches devraient tenir compte des principes de coproduction, en impliquant les personnes déplacées en tant que co-chercheurs, afin de garantir l’autonomisation des femmes et de la communauté déplacée.
  • Engager les communautés dans la prévention des MGF de manière inclusive. Les interventions contre les MGF doivent impliquer tous les membres de la communauté déplacée, y compris les hommes et les garçons. Leur implication est essentielle pour favoriser une approche multisectorielle qui s’attaque à la dynamique sociale plus large qui sous-tend les MGF. En impliquant les hommes et les garçons dans les efforts de lutte contre les MGF, on peut tirer parti de leur influence sociale, en contribuant à partager la responsabilité de l’abandon de cette pratique.

Types de MGF et leurs conséquences

Les MGF sont définies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme « toutes les interventions impliquant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme, ou d'autres lésions des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales ».2 Les MGF sont également appelées « excision » et « circoncision féminine ». Elles n’ont aucun effet bénéfique sur la santé. Les femmes et les filles qui subissent une MGF souffrent d’un large éventail de complications physiques et psychosociales à court et à long terme. Les complications physiques comprennent la douleur, une diminution du plaisir sexuel, des problèmes menstruels et des infections chroniques ; les complications psychosociales comprennent les traumatismes, l’anxiété, la dépression, la stigmatisation et une faible estime de soi.3 Ces conséquences dépendent du type de MGF et des conditions dans lesquelles l’intervention a été réalisée.

L’OMS classe les MGF en quatre types, comme suit : Type 1 – ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce ; Type 2 – ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres ; Type 3 – rétrécissement de l'orifice vaginal par coupure et rapprochement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres pour créer une étanchéité, avec ou sans excision du clitoris (dans la plupart des cas, les bords coupés des lèvres sont cousus ensemble, ce que l'on appelle « infibulation ») ; et Type 4 – toutes autres interventions préjudiciables aux organes génitaux féminins effectuées à des fins non médicales, par exemple, piqûre, perçage, incision, grattage et cautérisation.4

Outre les classifications médicales des types de MGF, les classifications populaires, qui reflètent les contextes historiques et sociaux, peuvent différer d'un pays à l'autre et entre les communautés d'un même pays. Les termes courants pour désigner les MGF en Égypte sont notamment «Tahara' (qui signifie « purification ») ; 'khitan' (qui signifie « circoncision ») ; 'khafd' (qui signifie « réduction ou abaissement ») ; et le 'Sunna' couper (avec Sunna, signifiant 'chemin ou voie', se référant aux actions qui sous-tendent les enseignements islamiques – ceci est maintenant généralement décrit comme une mauvaise interprétation de la pratique islamique). Tous ces termes ont tendance à faire référence aux MGF médicales de type 1 et 2. Les Égyptiens utilisent également le terme «khitan soudanais" (MGF soudanaise) pour désigner l'infibulation de type 3 des MGF courantes au Soudan. Parmi les Soudanais, le terme 'à plus soif' (« purification ») est généralement utilisé et Sunna est également couramment utilisé pour les types 1 et 2. Le type 3 est communément appelé 'fir'auni' ('pharaonique') MGF. Cela fait référence aux origines de cette pratique dans l'Égypte antique, lorsque la circoncision féminine était pratiquée comme un moyen de détacher une femme de son âme masculine – comme le théorisent les historiens.5,6

Les résultats d’études sur les MGF dans de multiples contextes de déplacement suggèrent que les filles et les femmes qui ont subi des MGF ont des besoins médicaux et psychosociaux complexes liés à leurs expériences croisées de violence.7 Les conséquences peuvent aller de références moins spécifiques à une détresse émotionnelle extrême, notamment l’anxiété et la dépression. Les différentes manifestations du traumatisme reflètent les traumatismes survenus tout au long du parcours migratoire, l’âge au moment de l’excision et les discussions sur la pratique avant l’excision. Certaines survivantes soudanaises de l’excision en Égypte peuvent également être confrontées à des difficultés liées à la socialisation, aux idées suicidaires et aux stratégies d’adaptation négatives, notamment la toxicomanie.

Contexte des MGF en Égypte

La pratique des MGF a été déclarée illégale en Égypte en 2008 et les taux sont en baisse. Cependant, l’Égypte a toujours l’un des taux de MGF les plus élevés au monde. En 2021, 861 femmes et filles âgées de 15 à 49 ans ayant déjà été mariées ont subi une MGF, les types 1 et 2 prédominants.8 La pratique est en baisse chez les jeunes générations ; parmi les filles de 15 à 17 ans, la prévalence des MGF est passée de 61% en 20149 à 37% en 2021.8

Les attitudes évoluent également, la proportion de femmes favorables aux MGF passant de 751 à 30 en 200010 à 30% en 2021.8 De plus, seulement 25% des femmes en 2021 pensaient que les hommes souhaitaient que cette pratique se poursuive, contre 50% en 2014.8,9 Cependant, selon les estimations, sept millions de filles risquent encore de subir des MGF entre 2015 et 2030. Les progrès vers l’abandon des MGF doivent être 15 fois plus rapides pour que l’Égypte atteigne l’objectif des ODD et élimine les MGF d’ici 2030.11

La figure 1 montre la prévalence des MGF dans les différents gouvernorats d'Égypte. En Basse-Égypte, la prévalence chez les femmes âgées de 15 à 49 ans varie de 801 TP3T au Caire et 861 TP3T à Gizeh à environ 701 TP3T à Alexandrie, villes qui servent de pôles majeurs pour les personnes déplacées. En revanche, la Haute-Égypte présente un taux de prévalence nettement plus élevé de 981 TP3T, en particulier à Assouan (orthographié « Assouan » dans la figure 1).

Figure 1. Carte thermique montrant la prévalence des MGF chez les femmes (15-49 ans) par gouvernorat en Égypte

Source : Auteur. Créé avec Enveloppeur de données. Calculs basés sur les Enquête sur la santé de la famille égyptienne (2021).8

Facteurs de risque et facteurs de risque des MGF en Égypte

Malgré ces tendances positives, des défis importants demeurent pour éradiquer les MGF. Nous présentons ci-dessous les principaux facteurs qui expliquent les MGF en Égypte et les facteurs de risque qui rendent certaines filles et femmes plus vulnérables à cette pratique.

Les MGF comme rite de passage

Les MGF sont traditionnellement considérées comme un rite de passage vers le mariage. Plus de 501 TPP3T de filles sont excisées entre 9 et 12 ans – un âge qui coïncide avec la puberté, la fin de l’école primaire et, pour certaines filles, le mariage.8 En Égypte, les mariages d’enfants sont associés à des âges plus précoces de l’excision.12,13 Les filles qui poursuivent leurs études sont plus susceptibles de se marier à un âge plus avancé.

L'expérience des parents face aux MGF

Les MGF sont perpétuées par les expériences, les attitudes et les décisions des parents. Les parents moins instruits, à faibles revenus ou résidant en zone rurale sont plus susceptibles de soutenir la poursuite de la pratique des MGF.14,15 Dans les zones rurales, où prédominent des structures patriarcales plus strictes, les MGF sont plus répandues (90%) que dans les zones urbaines (79%).8 Les expériences des femmes en matière de MGF et l'âge au mariage influencent la prise de décision concernant les MGF sur leurs filles, les filles étant plus susceptibles de subir une MGF si leur mère l'a fait. Les mères sont généralement les premières responsables de la prise de décision concernant les MGF, mais les grand-mères, les tantes et les pères jouent également un rôle. La médicalisation des MGF a probablement accru l'implication des pères en raison du coût financier et de l'attente culturelle selon laquelle les femmes et les enfants ont souvent besoin de la permission des hommes pour se rendre dans les cliniques de santé.16,17

Pureté et honneur de la famille

Les attentes culturelles et religieuses en matière de pureté féminine et de contrôle de la sexualité des femmes sont étroitement liées à la pratique des MGF. Celles-ci sont pratiquées dans le cadre de l'idée que les MGF sont essentielles pour réduire l'appétit sexuel des filles. Selon une enquête nationale réalisée en 2015, 491 hommes et 431 femmes pensaient que les MGF empêchaient les femmes de commettre l'adultère après le mariage.18 Des pourcentages similaires d’hommes et de femmes (50% et 46% respectivement) pensaient également que les MGF étaient exigées par l’Islam.18 En pratiquant l’excision, les parents signalent aux autres que leur fille est soucieuse de l’éducation adéquate de la jeune fille, tandis que les filles et les femmes qui s’y soumettent démontrent qu’elles sont soucieuses de préserver l’honneur de la famille.14

La pratique des MGF s'inscrit également dans un ensemble plus large de normes matrimoniales coutumières et légales patriarcales qui mettent l'accent sur l'honneur de la famille et le contrôle qu'elle exerce sur les femmes. Ces normes incluent la préférence pour les mariages au sein de la communauté (endogamie) et la tradition selon laquelle les couples mariés vivent avec la famille du mari ou à proximité de celle-ci.19,20 Le transfert de la dot/du prix de la mariée apporte également des avantages économiques au mariage et il existe des preuves que les filles et les femmes qui ont subi une MGF peuvent recevoir des dots plus importantes.21 Les familles élargies jouent donc un rôle crucial dans la préservation et l’évolution des attitudes à l’égard des MGF et d’autres normes culturelles et de genre au sein des structures religieuses et juridiques.

Médicalisation des MGF

L'Égypte est le pays qui ouvre la voie à la médicalisation des MGF à l'échelle mondiale, les prestataires de soins de santé étant impliqués dans la perpétuation de cette pratique. Bien que les 20 dernières années aient vu un abandon du recours aux praticiens traditionnels ('jour(ou accoucheuses traditionnelles, qui sont généralement des femmes), on constate une augmentation spectaculaire des MGF dans les établissements de santé.22 Les prestataires de soins médicaux sont impliqués dans les pratiques de MGF depuis des décennies, en particulier les médecins (des deux sexes). Entre 1995 et 2021, la proportion de filles et de jeunes femmes âgées de 19 ans et moins qui ont subi une MGF par un prestataire de soins médicaux est passée de 551 à 831 cas en 2021, dont 741 cas en 2021 ont été pratiqués par des médecins.

Les MGF médicales sont pratiquées dans toutes les régions d’Égypte. Les filles issues de familles à revenus élevés et ayant un niveau d’éducation plus élevé sont plus susceptibles de subir des MGF médicales.23 Le statut social et économique de la mère influence particulièrement la probabilité que sa fille soit soumise à une MGF médicalisée, les taux étant plus élevés chez les mères issues de ménages plus riches et celles ayant au moins fait des études primaires, par rapport à celles n’ayant aucune éducation.24

Les parents se tournent vers des professionnels de la santé pour pratiquer une MGF, pensant que cela réduit le risque de complications telles qu'hémorragie et infection. La MGF médicalisée étant illégale, elle est généralement pratiquée en secret dans des cliniques privées, à domicile ou à l'hôpital. Selon une étude menée en 2019, le coût de la MGF variait entre 250 et 1 500 livres égyptiennes (14 à 85 dollars), bien que ce montant soit probablement plus élevé aujourd'hui si l'on tient compte de l'inflation en Égypte. Les coûts dépendent de facteurs tels que le type d'anesthésie utilisé, les frais d'hospitalisation et la procédure recommandée ou choisie, qui est déterminée en partie par l'examen de l'anatomie de la fille par un praticien pour des raisons esthétiques.22

Les raisons qui sous-tendent la médicalisation des MGF, par opposition au rejet pur et simple de cette pratique, sont multiples. Au départ, les efforts de plaidoyer et les politiques se sont concentrés sur la mise en évidence des risques sanitaires immédiats associés aux MGF pratiquées par des sages-femmes traditionnelles, plutôt que de présenter les MGF comme une question de droits humains ou juridique. En conséquence, les parents choisissent désormais des praticiens médicaux pour pratiquer les MGF, estimant qu'ils sont mieux à même de prévenir les risques sanitaires associés à cette pratique.16 Cela signifie que les facteurs culturels et sociétaux sous-jacents à cette pratique restent en grande partie non pris en compte.

Les attitudes des prestataires de soins médicaux doivent également changer. Refaat (2009)25 L’étude a révélé que 291 médecins ayant pratiqué des MGF l’avaient fait pour réduire les risques pour les parents qui envoyaient leurs filles chez des sages-femmes traditionnelles ; 511 médecins l’avaient fait parce qu’ils pensaient que les MGF étaient bénéfiques pour les femmes et les filles, en particulier en présence d’un clitoris « élargi ». Le reste (191 médecins l’avaient fait pour des raisons financières. Dans une autre étude, certains médecins ont admis que les incitations financières étaient leur principale motivation, même s’ils étaient conscients des risques associés et de l’illégalité. Ils ont déclaré que les MGF médicalisées étaient encouragées par les prestataires de soins de santé et qu’ils pouvaient facilement convaincre les gens de les subir.22 Les pressions sociales peuvent également pousser certains prestataires à pratiquer des MGF ; par exemple, s’ils craignent une perte de respect et de confiance de la part des communautés rurales s’ils refusent d’exciser les filles.22 Certains médecins tolèrent également cette pratique même s’ils n’y croient pas et sont prêts à orienter les parents vers d’autres prestataires de santé.

Interventions contre les MGF en Égypte

Les interventions visant à décourager les MGF en Égypte ont évolué, passant d’une approche axée principalement sur les risques pour la santé et la promotion de la médicalisation à un cadre plus large fondé sur les droits et axé sur l’égalité des sexes. La nécessité de protéger les personnes victimes de migration forcée en Égypte contre les MGF a jusqu’à présent été abordée principalement de manière ponctuelle.

Les premiers efforts ont commencé dans les années 1920, lorsque l'Association des médecins égyptiens a appelé à l'interdiction des MGF en raison de leurs risques pour la santé. En 1959, le ministère de la Santé publique a interdit la forme la plus grave de MGF (type 3), mais a autorisé la clitoridectomie partielle sous surveillance médicale. Les années 1990 ont marqué un tournant, avec la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 qui a élargi le débat aux droits humains et aux droits des femmes. La pratique a été interdite dans les hôpitaux en 1996, bien qu'une échappatoire pour les « MGF médicalement nécessaires » (pour les clitoris hypertrophiés) ait persisté jusqu'en 2007.26 L'indignation publique suscitée par les décès liés aux MGF a conduit à l'adoption d'une loi interdisant cette pratique en 2008 pour tous les enfants en Égypte, quelle que soit leur nationalité. La même année a été marquée par le lancement du programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l'élimination des MGF en Égypte, qui mettait l'accent sur les droits des femmes et des filles. Les actions ont porté sur la réforme politique et juridique, le renforcement des services appropriés et de qualité et des systèmes d'information, et la sensibilisation accrue de la communauté aux aspects juridiques, médicaux et religieux.

Les efforts déployés par le Conseil national des femmes et le Conseil national de l'enfance et de la maternité ont également contribué à faire des MGF une priorité nationale ; ils ont élaboré une stratégie nationale d'abandon des MGF (2016-2020) et un plan d'action (2022) et ont inclus les MGF dans la Stratégie nationale pour l'autonomisation des femmes égyptiennes (2030). Sous les auspices de la Première dame d'Égypte, l'Initiative nationale pour l'autonomisation des filles (qui met l'accent sur l'autonomisation des filles et la remise en question des rôles traditionnels des sexes) vise également à réduire la pression exercée sur les familles pour qu'elles continuent à pratiquer les MGF. L'initiative intègre le Dawwie programme (« son avec un écho » en anglais) qui vise à créer des espaces sûrs et favorables pour que les filles puissent s'exprimer, partager leurs histoires pour inspirer les autres et les mettre en relation avec des centres et des cliniques pour jeunes.27 Il intègre également le programme de mentorat Noura, qui met en relation des jeunes adolescentes (de 10 à 14 ans) avec des filles et des femmes plus âgées (de 18 à 20 ans) dans les villages ruraux. Il s'inscrit dans le cadre de l'initiative présidentielle en faveur du développement humain, Haya Karima (« vie décente » en anglais).28 Bien que ces initiatives visent à mobiliser les filles en âge scolaire, les activités de lutte contre les MGF ne sont pas encore intégrées au programme scolaire égyptien.

L’un des principaux objectifs de ces programmes et d’autres est de s’attaquer aux normes sociales profondément ancrées qui entourent les MGF. Des campagnes nationales de porte-à-porte sont menées pour fournir des conseils sur les MGF par le biais de visites à domicile. Des campagnes dans les médias de masse et des efforts sur les réseaux sociaux ont impliqué des célébrités, des professionnels de la santé et des chefs religieux pour influencer l’opinion publique. L’organisation de jeunesse Y-Peer a utilisé le théâtre de rue interactif et des initiatives entre pairs pour engager les jeunes et les communautés dans un dialogue sur les MGF. Une partie essentielle de ces efforts a consisté à éloigner les MGF des croyances religieuses. Les partenariats entre le Programme conjoint des Nations Unies, la prestigieuse université d’enseignement islamique Al-Azhar et l’Église copte ont conduit à des déclarations publiques dénonçant les MGF de la part du Grand Imam et du Pape.

Les efforts visant à protéger les filles à risque et à soutenir les survivantes sont également au cœur des interventions. Les systèmes de protection de l’enfance, le renforcement des services de santé et la formation des travailleurs sociaux sont des éléments clés des services de prévention et de soins. Ces services fournissent un soutien médical, psychologique et juridique aux survivantes et visent à prévenir les MGF par le biais de conseils aux parents et d’actions de sensibilisation communautaire. En outre, la ligne d’assistance téléphonique pour les enfants en Égypte sert de mécanisme de signalement des cas potentiels de MGF, garantissant que les violations sont traitées par les canaux appropriés.

En 2021, le code pénal a été modifié et prévoit une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 20 ans pour les médecins et autres personnels médicaux reconnus coupables de mutilations génitales féminines. Il prévoit également la fermeture des établissements médicaux où des mutilations génitales féminines sont pratiquées, si le propriétaire a connaissance de leur mise en œuvre. En outre, la loi prévoit des sanctions pour ceux qui prônent ou encouragent les mutilations génitales féminines, même si cette promotion ne conduit pas à la pratique de la procédure.

Les expériences de MGF des réfugiés soudanais vivant en Égypte ont fait partie du plaidoyer de la société civile qui a entraîné des changements à l’échelle nationale à la fin des années 1990.29 En outre, les interventions visant à lutter contre les MGF parmi les populations déplacées en Égypte font partie depuis plusieurs années d’efforts humanitaires plus vastes. Cependant, ces efforts se caractérisent toujours par leur nature ponctuelle. En outre, même si davantage d’activités s’adressent aux populations déplacées des pays africains où les MGF sont très répandues, les supports et les approches de mobilisation ne sont pas adaptés aux divers contextes culturels des populations déplacées.30 Les interventions en faveur des populations déplacées reflètent en grande partie la structure des interventions nationales en matière de MGF, en mettant particulièrement l’accent sur les activités de prévention telles que les campagnes de sensibilisation.

Les services de protection, comme l’accès aux soins médicaux et l’orientation des filles exposées au risque de MGF et des survivantes de MGF, ne sont pas toujours disponibles pour tous les groupes de personnes déplacées. Les demandeurs d’asile et les migrants sans papiers, par exemple, peuvent être exclus de ces services selon que le prestataire est une institution publique ou une ONG. La disponibilité géographique et linguistique des services varie également, ce qui crée des lacunes en matière de protection et de soins pour les populations les plus vulnérables, en particulier celles qui n’ont pas le statut officiel de réfugié.

Contexte des MGF au Soudan

Comme l’Égypte, le Soudan a également l’un des taux de prévalence des MGF les plus élevés au monde, atteignant 871 TP3T chez les femmes âgées de 15 à 49 ans et 311 TP3T chez les filles (de 0 à 14 ans).31 Comme le montre la figure 2, les MGF sont plus répandues dans les États du nord que dans ceux du sud, à l’exception du Darfour oriental. Le Soudan est un pays ethniquement diversifié et les pratiques et traditions associées aux MGF varient selon les groupes. Par exemple, les taux de MGF dans le centre et l’ouest du Darfour sont plus faibles à l’échelle de l’État, car les groupes ethniques Fur, Hawsa et Umbarraro qui y vivent ne pratiquent pas traditionnellement les MGF. Malgré la forte prévalence des MGF, des changements notables ont été observés dans la pratique à travers le pays. L’un des changements importants est la prédominance de l’infibulation (type 3) au profit de l’utilisation plus fréquente de l’infibulation de type 1, moins grave. Ce changement est probablement dû à la sensibilisation croissante des médecins aux risques graves pour la santé associés à l’infibulation de type 3.32

Comme en Égypte, on observe une tendance à la médicalisation des MGF, motivée par des inquiétudes quant aux risques sanitaires associés aux méthodes utilisées par les sages-femmes et les exciseuses traditionnelles. La proportion de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi une MGF pratiquée par des professionnels de la santé est passée de 551 femmes sur la période 1966-1979 à 761 femmes sur la période 2000-2014.33 Il existe de grandes différences selon les États : 941 TP3T de femmes dans l’État de Khartoum (qui comprend la capitale) ont déclaré avoir subi une MGF par un professionnel de la santé, contre 431 TP3T dans l’État rural voisin de Gedaref en 2014.34 Contrairement à l’Égypte, ce sont les infirmières et les sages-femmes (plutôt que les médecins) qui pratiquent les MGF au Soudan et la plupart de ces praticiens sont des femmes.

Figure 2. Carte thermique montrant la prévalence des MGF chez les femmes (15-49 ans) par État au Soudan

Source : Auteur. Créé avec Enveloppeur de données. D'après l'UNICEF Micro-ondes (2014)31 données.

Facteurs de risque et facteurs de risque des MGF au Soudan

L’âge auquel l’excision est pratiquée est généralement plus jeune au Soudan qu’en Égypte. Au Soudan, plus de 601 filles ont subi une MGF entre 5 et 9 ans en 2014 (année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles), avec un âge moyen de 5,7 ans.31 L’âge de l’excision varie selon les cultures et les ethnies. Par exemple, chez les Meloha de l’État de Gedaref, l’excision est traditionnellement pratiquée peu après la naissance par la même sage-femme qui a accouché.34 À l’échelle nationale, on observe une légère tendance vers un âge plus élevé de l’excision au cours des trois dernières décennies ; la proportion de filles excisées à l’âge de 10 ans ou plus est passée de 10% au cours de la période 1980-1989 à 23% au cours de la période 2000-2014.33 Le risque de subir une MGF était plus élevé pour les filles (0 à 14 ans) issues de ménages ruraux que pour leurs homologues urbaines. Les mères ayant un niveau d’éducation plus élevé et celles qui se sont mariées plus tard étaient moins susceptibles de soumettre leurs filles à une MGF que les mères sans éducation ou celles qui se sont mariées plus jeunes.33

Au Soudan, les motivations des MGF sont similaires à celles de l'Égypte et des pays voisins. Ces motivations incluent les croyances religieuses, les croyances culturelles (favoriser le mariage des filles) et la préservation de leur virginité, les MGF étant perçues comme améliorant la propreté, la féminité et la beauté.35Les normes de genre renforcent souvent la croyance selon laquelle les MGF contrôlent la sexualité féminine, en présentant le corps des femmes comme des objets de plaisir sexuel masculin.

Ré-infibulation (connue sous le nom de 'adal'), le processus de recousure des parties génitales après l'accouchement, est également courant chez les femmes soudanaises. Bien qu'il ne soit pas aussi répandu que l'infibulation et qu'il ait diminué au fil du temps, en 2014, la réinfibulation a été pratiquée sur environ une femme mariée sur quatre (23,9%) âgée de 15 à 49 ans ayant accouché.31 Dans une étude de surveillance menée sur des sites à Khartoum et Gedarif, environ un tiers des femmes ont subi une ré-infibulation après la naissance.36

La réinfibulation est également parfois pratiquée sur des femmes âgées comme rite de « purification » avant la mort.36 À un plus jeune âge, les MGF peuvent parfois être pratiquées pour traiter une maladie, par exemple chez les jeunes filles qui semblent malades.34 Certaines communautés croient que les MGF protègent contre l’infertilité et la mortinatalité.37

Les MGF peuvent être un tabou. De nombreux hommes disent qu’ils ne savent pas si les femmes de leur famille ont subi cette pratique.38 Des recherches qualitatives menées en 2019 suggèrent que lorsque les femmes et les hommes affirment avoir cessé de pratiquer les MGF, ils font principalement référence à l’infibulation (type 3) et sont toujours susceptibles de pratiquer le type 1.34 Il semble néanmoins que les attitudes sociales évoluent et que les MGF ne soient plus pratiquées. Plus de la moitié des femmes âgées de 15 à 49 ans (52,81 % des femmes interrogées) déclarent aujourd’hui plaider en faveur de leur abandon, en particulier dans les zones urbaines et dans les États où des mesures de lutte contre les MGF ont été mises en place.33 Les militants soudanais décrivent également un débat public animé sur les plateformes de médias sociaux, les jeunes manifestant leur rejet des MGF ainsi qu’un engagement à rester fidèles aux valeurs et aux traditions soudanaises par d’autres moyens.37

Interventions contre les MGF au Soudan

Les efforts visant à interdire ou à éliminer les MGF au Soudan remontent au moins aux années 1940, mais n’ont pas abouti à un changement de comportement à grande échelle avant très récemment.37 En 2008, le Soudan a adopté une stratégie multisectorielle de 10 ans pour lutter contre les MGF, en commençant par des interventions sociales et juridiques dans plusieurs États du Sud, notamment le Kordofan du Sud, le Gedaref, le Nil Bleu, le Kassala, le Nil et le Darfour du Sud.

Une campagne nationale conçue pour créer des associations culturelles positives avec l'abandon des MGF a travaillé avec des militants pour identifier et introduire un nouveau terme pour les filles qui ne sont pas excisées : «Saleema'.39 Auparavant, alors que les filles excisées étaient généralement décrites comme propres et pures, les filles non excisées étaient souvent décrites par le terme péjoratif «ghalfa" (suggérant la disgrâce, la dégradation et un comportement inapproprié). La campagne a adopté le mot arabe "Saleema" (qui signifie « entier, sain de corps et d'esprit, indemne, vierge et parfait dans l'état donné par Dieu »).40 Ce terme a été utilisé pour désigner une variété d'activités anti-MGF impliquant des dirigeants communautaires, des érudits religieux et des clercs qui ont souligné la légitimité et la permissibilité de laisser la fille Saleema (intactes et parfaitement saines) du point de vue religieux. La campagne a mesuré une diminution significative des normes sociales pro-MGF parmi les personnes exposées à la campagne en 2016-2017.41

Entre 2016 et 2018, des interventions dans le secteur de la santé ont été ajoutées pour lutter contre la médicalisation. Un tiers des sages-femmes communautaires en exercice (professionnelles de santé ayant suivi une formation d’infirmière d’un an) ont reçu une formation sur la gestion des complications liées aux MGF et ont signé un engagement à mettre fin aux MGF. Les sages-femmes et autres praticiens exerçant dans des établissements de santé, notamment les étudiants en soins infirmiers et en médecine, ont également été touchés par des interventions telles que l’élaboration de programmes de formation et de codes de conduite professionnels.36 Les recherches menées dans les zones d'intervention suggèrent que le refus des sages-femmes professionnelles de pratiquer les MGF a conduit à une meilleure compréhension de l'illégalité des MGF, en particulier de type 3. Cependant, certaines familles ont également déclaré se détourner de ces sages-femmes non seulement pour les MGF mais aussi pour d'autres besoins de sage-femme, préférant les sages-femmes traditionnelles (« Dayat al-Jabal ») pour les MGF et pour que les femmes de la famille accouchent des bébés des femmes excisées.34

Les changements juridiques visant à prévenir les MGF sont intervenus plus tard au Soudan qu'en Égypte, coïncidant avec la brève période de régime militaire et civil conjoint entre 2019 et 2023 qui a vu des progrès sur de nombreuses questions relatives aux droits des femmes au Soudan.38 Les acteurs de la société civile ont déjà mené avec succès une campagne pour criminaliser l’infibulation dans certains États. Cependant, les tentatives au niveau fédéral de criminaliser toutes les formes de MGF ont toujours été bloquées, notamment par une fatwa du Conseil de jurisprudence islamique en 2010 qui a renforcé la MGF de type 1 en tant que sunnah.37 En juillet 2020, une loi nationale contre les MGF a été adoptée, criminalisant toutes les formes de MGF, couvrant pour la première fois l’ensemble du Soudan. Les prestataires de soins médicaux et les praticiens traditionnels qui pratiquent des MGF sont désormais passibles d’une amende et d’une peine de prison de trois ans.

On ne sait pas exactement comment l’augmentation spectaculaire des combats depuis 2023 pourrait affecter le travail de lutte contre les MGF et la fourniture de ces services par les infirmières et les sages-femmes. Malgré les perturbations des programmes nationaux de lutte contre les MGF menés par l’UNFPA et l’UNICEF pendant la pandémie de COVID-19, de nombreuses organisations locales et réseaux de la société civile ont pu mettre en place des activités simples mais efficaces. Ces activités ont ouvert la voie à une action continue au niveau local pendant la crise. Par exemple, des réseaux locaux de protection à Khartoum, au Darfour oriental et ailleurs ont rendu visite aux parents de filles nouveau-nées pour discuter de l’abandon des MGF autour d’un thé.42,43 En outre, le réseau de jeunes Y-Peer a contribué à la création de clubs scolaires pour discuter des MGF avec les enfants, les parents et d’autres membres de la communauté.42

Les infrastructures de santé ont été gravement affaiblies par les attaques contre les établissements de santé et l’abandon des hôpitaux par le personnel, en particulier dans la capitale, Khartoum. Compte tenu de la hausse spectaculaire des violences sexuelles, de la réduction de l’accès aux services de santé reproductive et des interventions anti-MGF menées ces dernières années, les sages-femmes au Soudan pourraient désormais être moins enclines ou moins capables de proposer des services de MGF.44 Néanmoins, les incitations financières ont toujours été une raison importante pour laquelle les sages-femmes proposent des services de MGF dans le contexte d’avant-crise de chômage élevé pour les professionnels de la santé et de faibles salaires du gouvernement.36 Ces pressions financières sont amplifiées dans le contexte actuel de conflit aigu et de déplacements.

Déplacement en Egypte

L’Égypte accueille des populations déplacées de force en provenance de 62 pays.45 Les populations déplacées du Soudan, qui partage une frontière avec l’Égypte, constituent le groupe le plus important. Les Syriens constituent le deuxième groupe le plus important, suivis du Soudan du Sud, de l’Érythrée, de l’Éthiopie, du Yémen, de l’Irak et de la Somalie. Les deux nations (Égypte et Soudan) formaient un seul pays jusqu’en 1956, lorsque le Soudan a voté pour l’autodétermination à la fin de la domination anglo-égyptienne. Il existe donc une longue histoire de migration de Soudanais vers l’Égypte pour des raisons de sécurité, d’opportunités économiques, éducatives, sociales et autres.

L’Égypte a connu l’afflux le plus important de demandeurs d’asile de la région depuis l’escalade du conflit armé au Soudan. Environ 61 000 Soudanais étaient enregistrés auprès du HCR avant avril 2023, mais le conflit aurait poussé environ 1,2 million de personnes à fuir vers l’Égypte.46 Moins de la moitié sont enregistrés (environ 504 000 au 2 octobre 2024).46 De nombreuses familles ont été séparées et de nombreuses femmes ont emmené leurs enfants en Egypte sans leurs maris. Les enfants de moins de 18 ans représentent environ 40% de la population déplacée.45 Environ 84% d'arrivées récentes proviennent de Khartoum, ce qui reflète le grave impact du conflit sur les familles et les enfants de la capitale.47

Figure 3. Carte thermique montrant la concentration de réfugiés et de demandeurs d'asile en Égypte

Source : Auteur. Créé avec Enveloppeur de données. Sur la base des données relatives aux réfugiés et aux demandeurs d'asile officiellement enregistrés disponible au public auprès du HCR.48
Remarques : La carte thermique montre la concentration de réfugiés et de demandeurs d’asile à travers l’Égypte (à gauche) ; l’encart du continent montre l’emplacement de l’Égypte et du Soudan (à droite).

Comme le montre la figure 3, les réfugiés et les demandeurs d’asile en Égypte se trouvent principalement dans le nord-est du pays (« Basse-Égypte »), dans les quartiers urbains du Grand Caire, d’Alexandrie, de Damiette et d’autres villes. De nombreuses personnes récemment arrivées du Soudan se sont également installées autour d’Assouan, dans le sud (« Haute-Égypte ») de l’Égypte, près de la frontière avec le Soudan. Dans cette région, le HCR propose un hébergement temporaire aux personnes en transit vers d’autres régions du pays et les soutient en leur fournissant une protection et d’autres services. Toutefois, pour s’enregistrer comme demandeur d’asile auprès du HCR et obtenir un permis de séjour auprès du gouvernement égyptien, les Soudanais doivent se rendre dans les bureaux du HCR dans le Grand Caire.

Les restrictions d’entrée pour les Soudanais ont été renforcées depuis juin 2023. Il existe actuellement un important arriéré de demandes de visas auprès des représentations égyptiennes au Soudan et de demandes d’asile et de statut de réfugié auprès des bureaux du HCR en Égypte. La complexité du processus d’enregistrement et de visa signifie que de nombreux Soudanais traversent désormais la frontière et terminent leur voyage vers le nord avec l’aide de passeurs.49 Les passeurs facturent environ 500 dollars par personne et les migrants sont victimes d’exploitation, de violence et d’abus tout au long du voyage, y compris lors de leurs interactions avec les autorités locales.49,50 Les enfants sont particulièrement exposés aux risques d’exploitation, de traite d’êtres humains, de violences sexuelles et de mort. De plus, ceux qui arrivent en Égypte par le biais de passeurs courent le risque d’être arrêtés, détenus et expulsés.49

Les raisons qui poussent les gens à rester ou à revenir à Assouan sont notamment le manque de ressources pour continuer à voyager ou le désir de rester près de la frontière pour le retour ou la migration circulaire. Le désir de rester au sein d’une communauté soudanaise partageant des expériences communes de traumatisme et de déplacement peut également être important. Cela s’inscrit dans le contexte de discrimination et d’exploitation économique auxquelles les Soudanais ont historiquement été confrontés en Basse-Égypte, et qui perdure aujourd’hui dans un contexte de stress économique et d’inflation croissante.

Les conditions de vie sont très mauvaises pour la plupart des populations déplacées soudanaises. Beaucoup vivent dans des implantations informelles, par exemple dans des immeubles inachevés à la périphérie du Caire. Beaucoup n’ont pas de sources de revenus stables et ont des possibilités de subsistance limitées. Pour avoir accès à la plupart des services publics en Égypte, y compris à l’école, il faut être enregistré comme réfugié. Une initiative importante de la société civile soudanaise en Égypte a été la création d’écoles et de crèches communautaires pour que les femmes puissent avoir le temps de travailler.51 Cependant, les mesures de répression gouvernementales en matière d'immigration prises depuis juillet 2024 ont entraîné la fermeture de nombreuses écoles, restaurants et entreprises soudanaises parce qu'ils n'avaient pas de licence ou de permis.50 De nombreux Soudanais déclarent désormais avoir peur de quitter leur domicile.49,50

MGF et déplacements forcés

On sait peu de choses sur la manière dont les conflits et la dynamique migratoire affectent les pratiques de MGF dans les pays à revenu faible et intermédiaire qui accueillent des populations déplacées de force, notamment sur la manière dont les normes sociales du pays d’origine et de la communauté d’accueil interagissent.50,52 Certains facteurs clés sont abordés ci-dessous.

Le mariage précoce et les MGF comme « protection » contre la violence sexuelle. Dans plusieurs contextes de déplacements forcés en Afrique et au Moyen-Orient et dans des contextes ruraux et urbains,53,54 Le mariage précoce est considéré comme un moyen de protection pour les filles déplacées, qui sont davantage exposées à la violence sexuelle de la part d'étrangers que les filles et les femmes mariées. Le mariage précoce, qui permet d'éviter les violences sexuelles ou les mauvais comportements dus à l'oisiveté dans les situations de déplacement, contribue à préserver l'honneur de la famille.53En Égypte, les problèmes de protection et d’autres problèmes spécifiques aux déplacements, comme les perturbations dans l’éducation des filles, ont accentué la vulnérabilité des filles au mariage précoce pour certaines familles déplacées en provenance de Syrie. Pour d’autres, le déplacement vers les zones urbaines semble avoir érodé les normes d’avant-guerre et les mariages ont été retardés.55

La pratique des MGF est également associée aux efforts des parents pour contrôler leurs filles dans un contexte de déplacement et pour les empêcher d’être victimes de violences sexuelles, y compris de viol.52 Pour les familles de réfugiés somaliens en Éthiopie, la peur des violences sexuelles a déjà été identifiée comme un facteur pouvant pousser les familles à soumettre leurs filles aux MGF.56 Des croyances similaires peuvent exister au sein des communautés soudanaises déplacées en Égypte. Un praticien humanitaire interrogé pour ce dossier explique qu'il existe un état d'esprit commun selon lequel « les filles peuvent être soumises au viol et aux agressions ici, mais si elles sont soumises à une MGF [infibulation], il sera difficile de rompre leur hymen et elles resteront donc vierges ». Cette perception est toutefois dangereuse. Les jeunes filles qui ont été soumises à une MGF puis à un viol peuvent subir de graves traumatismes physiques et des complications psychosociales ; les grossesses précoces dans ces circonstances peuvent également être très dangereuses.57

Le lien sombre entre les conflits armés et les MGF. Les MGF sont parfois utilisées comme méthode de torture et comme moyen d’exercer un contrôle sur les communautés, ciblant particulièrement les femmes et les filles.58 Les attaques contre les femmes peuvent les cibler spécifiquement en tant que « porteuses » des générations futures de « l’ennemi », ce qui conduit à des actes horribles tels que la mutilation de leurs organes génitaux ou la destruction de fœtus. Des actes de cette violence brutale ont été documentés au Soudan et dans divers conflits récents en Afrique, où les organes génitaux des femmes ont été mutilés après un viol ou exposés comme trophées de guerre. Cela souligne le besoin urgent d’interventions globales qui s’attaquent à la fois à la violence sexiste et aux mutilations génitales féminines dans le contexte des conflits armés et des droits des femmes.59

Pressions économiques. En Éthiopie, le manque de revenus des femmes exciseuses réfugiées en provenance de Somalie a contribué à leur besoin de continuer à fournir des services de MGF et au désir des familles de soutenir ces femmes de confiance. 56 Le fait de ne pas aller à l’école en raison des confinements liés à la COVID-19 et des pressions économiques exercées sur les parents a été associé à une augmentation des MGF chez les filles issues de populations déplacées en Ouganda et au Nigéria.7 Les filles orphelines ou séparées de leur famille en raison d’une situation d’urgence risquent davantage d’être contraintes de contracter un mariage précoce ou de subir des MGF imposées par d’autres.35 Les MGF sont également associées à la préparation des filles au travail sexuel commercial dans certains contextes de déplacement.35 Étant donné l’association entre les MGF, le mariage et le transfert de la dot, les praticiens humanitaires en Égypte consultés pour ce rapport estiment également que les communautés déplacées soudanaises considèrent les MGF et le mariage précoce comme une solution aux intenses pressions financières auxquelles les familles déplacées sont confrontées.

Les MGF, une tradition familière. Les déplacements et les processus de marginalisation qui y sont associés renforcent le besoin d’appartenance sociale et de traditions familières. Les MGF sont parfois considérées comme un signe distinctif culturel lié au mariage, à la virginité et à l’honneur, ce qui peut rassurer les personnes déplacées de leur foyer.7 Les praticiens humanitaires en Égypte interrogés pour ce rapport ont expliqué que l'une des principales raisons pour lesquelles les Soudanais choisissent l'excision est que les filles peuvent continuer à subir un rite de passage important lié à leur éligibilité au mariage. Les parents masculins peuvent être d'importants agents de changement au sein de la société soudanaise, en exploitant leur pouvoir social pour remettre en question les normes traditionnelles.16 Cependant, de nombreuses femmes déplacées qui prennent des décisions concernant leurs filles en Égypte sont séparées de leur mari. Des recherches menées à Khartoum soulignent que les grand-mères, les tantes et les belles-familles peuvent exercer une influence sur les mères qui préféreraient ne pas faire exciser leurs filles et intervenir après le décès de ces dernières :

« La circoncision pharaonique (MGF de type 3) est profondément ancrée dans notre culture et nous n'y renoncerons pas. Nous l'avons héritée de nos grands-mères. Nous veillerons à ce qu'elle soit pratiquée si une mère décède, et ce sera alors une tante ou la grand-mère qui s'en chargera. »
(Répondant âgé de 25 à 30 ans, Khartoum)34

Pression de la communauté d’accueil. Les MGF peuvent également être utilisées pour établir ou maintenir un statut social dans une nouvelle société où cette pratique est courante. Au Mali et au Nigéria, des populations déplacées à l’intérieur du pays pratiquent les MGF seulement après leur déplacement.7,60 Au Soudan, on a observé que les communautés déplacées à l’intérieur du pays dans l’État du Nil Bleu et les femmes sud-soudanaises à Khartoum adoptaient les MGF comme moyen de se conformer aux normes sociales de leur communauté d’accueil.42,61 De même, des reportages médiatiques en provenance d’Égypte suggèrent que les populations syriennes déplacées ont commencé à pratiquer les MGF sur leurs filles pour s’adapter à la culture locale, probablement sous l’effet de la pression économique et des inquiétudes concernant la possibilité de mariage des filles.62 Les praticiens humanitaires consultés pour ce rapport ont également suggéré que les parents syriens ont peut-être pris une décision erronée, croyant que les MGF étaient une obligation religieuse en Égypte.

Insuffisance de l’action de la société civile et de la réponse humanitaire. Les crises perturbent les programmes gouvernementaux et de la société civile contre les MGF. Dans les situations de conflit et de déplacement, la prévention et la lutte contre les MGF ne sont souvent pas prioritaires dans les contextes humanitaires en raison du manque de financement et de volonté politique.30 On a observé que des groupes pratiquant les MGF dans l’État du Nil Bleu, déplacés vers le Soudan du Sud, continuaient à pratiquer les MGF dans tous les camps de réfugiés, à l’exception d’un seul où des campagnes de sensibilisation aux MGF étaient en cours.63

Considérations sur le transfert interculturel des MGF

Au Soudan comme en Égypte, les MGF sont une pratique très répandue et profondément ancrée en tant que norme sociale. Le changement d’âge de l’excision au Soudan vers des tranches d’âge plus élevées, vers les types 1 et 2 et la médicalisation suggère une possible convergence de la pratique des MGF au fil des ans entre le Soudan et l’Égypte. Néanmoins, il existe des différences régionales et d’autres dynamiques que les informateurs consultés pour cette note recommandent de prendre en compte dans le potentiel de transfert interculturel des attitudes et des pratiques en matière de MGF.52 chacun d’entre eux pouvant également être influencé par la durée du séjour des personnes déplacées :

  • Il est possible que davantage de Soudanais soient incités à adopter ou à conserver une préférence pour les types 1 et 2, en particulier dans les régions de la Basse-Égypte où ces types sont prévalents.
  • En particulier pour les familles de Khartoum qui préfèrent les MGF médicalisées, cette pratique peut être entravée ou retardée si elles ne peuvent pas identifier les praticiens égyptiens travaillant dans la clandestinité, si elles ont peur d’utiliser des services illégaux ou si elles préfèrent ne pas emmener leurs filles chez un médecin de sexe masculin.34
  • D'après des entretiens menés avec des praticiens humanitaires en Égypte, certaines filles déplacées seraient revenues au Soudan avec leur famille pour de courtes visites afin de subir des MGF dans leurs communautés d'origine. Si la situation sécuritaire s'améliore au fil du temps, ce mouvement pourrait s'intensifier, ce qui suscite des inquiétudes quant à la poursuite des MGF au-delà des frontières.
  • L’infibulation et la réinfibulation sont actuellement pratiquées à des degrés moindres en Égypte qu’au Soudan, y compris dans les gouvernorats du sud comme Assouan. Cependant, davantage d’Égyptiens pourraient être incités à adopter ces pratiques grâce à des interactions avec les communautés soudanaises, en particulier s’il existe des praticiens dans les populations d’accueil ou déplacées qui sont prêts à pratiquer des MGF de type 3 en réponse à la demande.

Possibilités d'intervention

Les activités visant à lutter contre les MGF chez les populations déplacées de force en Égypte s’inscrivent dans le cadre d’opérations d’urgence plus vastes menées par le HCR, coordonnées par le biais de réunions mensuelles interinstitutions impliquant le gouvernement, les organisations internationales, nationales et locales, ainsi que par des consultations avec les communautés. Les activités sur les MGF sont intégrées dans des réponses humanitaires multisectorielles de protection pour lutter contre la violence sexiste, parallèlement à la fourniture de nourriture, d’abris, d’éducation, de santé, de moyens de subsistance et d’autres services. Les demandeurs d’asile ne sont pas toujours éligibles ou en mesure d’accéder à ces initiatives humanitaires. Les données recueillies dans d’autres situations d’urgence suggèrent que les analyses situationnelles sur les MGF sont utiles lorsqu’elles sont menées conjointement par les acteurs du développement, les acteurs humanitaires et les acteurs locaux (y compris les populations déplacées). Cela permet de soutenir la sélection de résultats communs pour les initiatives de programmation et de suivi à long terme.7

Partenariat avec les acteurs et initiatives soudanais

Établir des partenariats avec des groupes et des militants existants qui s’intéressent aux MGF. Les militants locaux et les organisations de base sont souvent les mieux placés pour connaître et comprendre les défis et les normes sociales qui continuent de motiver les MGF et bénéficient de la confiance des communautés.37 Étant donné que les pratiques de MGF dans les déplacements peuvent être motivées par un désir de maintenir une identité culturelle, les initiatives nationales et internationales cherchant à lutter contre les MGF en Égypte devraient envisager les liens qu’elles peuvent favoriser avec la société civile soudanaise en Égypte, au Soudan et dans la diaspora soudanaise.

Les principaux contributeurs au mouvement soudanais contre les MGF sont le Conseil national pour la protection de l’enfance, des organisations non gouvernementales et de la société civile, des organisations de professionnels de la santé, des universités et des groupes de médias. La plupart des conseils et comités directeurs au niveau des États formés avant le soulèvement civil de 2018 ont fermé. Pourtant, de nombreuses personnes qui ont participé à ces groupes ainsi qu’aux initiatives locales visant à mettre en relation les groupes de femmes avec les chefs religieux et communautaires, les sages-femmes, les groupes de jeunes et d’enfants sont susceptibles de rester personnellement engagées en faveur du changement.37 Les sages-femmes soudanaises présentes au sein de la population déplacée, dont certaines se sont récemment engagées à abandonner les MGF, pourraient être particulièrement influentes et apporter des témoignages personnels sur les effets néfastes de l’excision.

S’associer à de nouvelles formes d’action de la société civile. Comme les populations déplacées en Égypte, de larges populations du Soudan ont également été déplacées à l’intérieur du pays et établissent de nouvelles structures sociales en se déplaçant. Les efforts d’entraide menés par les communautés, et souvent par les femmes, qui se sont appuyés sur les soulèvements pacifiques contre le régime militaire pourraient être utilisés pour généraliser les interventions liées aux MGF en réponse aux besoins humanitaires émergents. En Égypte, les écoles et crèches gérées par la communauté et créées par et pour les personnes déplacées soudanaises pourraient être des acteurs importants pour développer des programmes de MGF centrés sur l’enfant pour les populations migrantes qui peuvent être exclues des initiatives égyptiennes ciblant les enfants en âge scolaire.

Soyez sensible aux risques liés à l’immigration. Lorsqu’il s’agit d’intégrer les communautés déplacées dans les initiatives nationales et celles de la société civile en matière de MGF, les programmes doivent tenir compte des craintes des Soudanais d’être identifiés par les autorités comme des immigrants clandestins. En particulier dans les campagnes de porte-à-porte, il faut tout mettre en œuvre pour collaborer avec les organisations communautaires soudanaises et intégrer leurs bénévoles ou leur personnel afin d’apaiser les craintes et de permettre l’intégration dans la communauté.

Impliquer les populations déplacées dans la recherche sur l’évolution des MGF. Des recherches spécifiques sont également nécessaires sur la manière dont les pratiques et les attitudes en matière de MGF évoluent au sein des différentes populations soudanaises et des autres populations déplacées en Égypte, afin d'aider les organismes d'intervention à évaluer les besoins et à concevoir des stratégies de protection appropriées. Les recherches sur les MGF pourraient envisager d'adopter des principes de coproduction avec les personnes déplacées en tant que co-chercheurs pour contribuer à l'autonomisation des femmes et des populations déplacées et soutenir l'exploitation future des résultats.

Partage d'informations et dialogue sur les MGF

Discutez des MGF de manière holistique. Les organismes d’intervention tentent d’atteindre les diverses communautés déplacées en Égypte, qu’elles soient issues ou non de cultures où les MGF sont déjà pratiquées. Les initiatives de partage d’informations adoptent généralement une approche holistique impliquant des collaborations avec les chefs religieux et les médecins locaux pour discuter des aspects juridiques, religieux et médicaux. Cette approche est née de l’expérience des organismes qui ont constaté les limites de la discussion plus étroite sur les méfaits des MGF sur la santé :

« L’un des problèmes auxquels nous sommes confrontés est que beaucoup de femmes sont déjà excisées et ne ressentent aucun mal à cause des MGF. Ainsi, lorsque nous leur parlons des méfaits des MGF et que nous leur disons qu’elles provoquent telle ou telle chose, elles pensent : « Eh bien, cela ne m’est pas arrivé, donc vous mentez probablement ». C’est pourquoi l’exagération lors des séances de sensibilisation est un problème. »
(FNUAP, 2021)30

Les dommages psychosociaux des MGF sont souvent sous-estimés. Lorsque les MGF ne sont pas reconnues comme une pratique néfaste, les personnes éligibles aux services de soutien aux MGF en Égypte risquent de ne pas recevoir l’aide dont elles ont besoin.

Adapter les informations sur les MGF aux besoins et aux contextes des différents groupes. Les séances tentent également généralement d’intégrer des informations pertinentes pour les personnes de différentes nationalités, comme le décrit un acteur humanitaire consulté pour ce dossier :

« Les raisons qui poussent à recourir aux MGF peuvent être les mêmes d’une nationalité à l’autre, avec quelques différences […] par exemple, les Soudanais sont principalement motivés par la possibilité de marier les filles, tandis que les Égyptiens pourraient être davantage motivés par l’aspect religieux. »
(Volontaire de santé communautaire soudanaise, Égypte)

Le grand nombre de populations déplacées de divers pays vivant au Caire signifie que les organismes d’intervention ont toujours eu du mal à différencier les supports d’engagement communautaire pour différentes communautés.30 D’un côté, les interventions anti-MGF peuvent transcender la nationalité et l’ethnicité en faisant appel à l’universalité des droits des femmes et des filles.44 Il est également utile de disposer d’un ensemble d’informations de base sur les risques liés aux MGF dans le contexte égyptien, car de nombreux groupes déplacés sont exposés aux mêmes facteurs et risques au sein de la société égyptienne. D’un autre côté, certaines communautés déplacées ont des pratiques de MGF beaucoup plus profondément ancrées. Cela démontre la nécessité d’approches contextualisées soigneusement adaptées aux besoins des communautés. Les communautés déplacées soudanaises elles-mêmes comptent également des membres ayant des niveaux d’éducation et de connaissances très différents sur les MGF et ont besoin d’informations adaptées.

Utilisez efficacement les médias sociaux. Les médias et les réseaux sociaux, notamment l’utilisation de vidéos pour sensibiliser les enfants, peuvent avoir une grande influence sur le changement d’attitude à l’égard des MGF. Ils auraient été historiquement sous-utilisés dans les activités d’intervention humanitaire en Égypte,30 mais de nombreuses ONG et initiatives nationales, telles que Dawwie, avoir une présence en ligne. Ces initiatives pourraient changer la donne si elles pouvaient être étendues aux communautés déplacées. 27

Impliquer les hommes et les garçons. Les praticiens humanitaires consultés pour cette note ont noté un manque d'engagement des hommes et des garçons en tant qu'acteurs centraux dans les stratégies de prévention des MGF, certaines organisations se concentrant sur les femmes et les filles tandis que d'autres les incluent uniquement dans les séances de sensibilisation. L'implication des hommes est essentielle pour briser le cycle des MGF en raison de leur position influente au sein des familles et des communautés et permettra d'atténuer la pression sociale exercée sur les femmes pour qu'elles maintiennent des traditions néfastes. Les interventions devraient se concentrer sur l'engagement des hommes et des garçons en tant que bénévoles actifs, prestataires de services et leaders communautaires, en leur donnant les moyens d'assumer des rôles significatifs dans la promotion de l'égalité des sexes et la prévention des MGF.

Discutez de la « culture » avec sensibilité. Les campagnes anti-MGF sont confrontées à un défi commun : formuler des messages positifs et éviter de créer des histoires de « victimes » qui souffrent à cause de leur culture « arriérée et barbare ». Critiquer une culture dans son ensemble revient à ignorer que la culture elle-même est diverse et fluide. Cela risque également d’aliéner les personnes qui peuvent être des agents de changement et de déclencher un rejet durable et généralisé des MGF. Les Soudanais en Égypte déclarent souvent se sentir discriminés64 Les populations du Soudan font l’objet d’un financement international et d’une attention particulière pour éradiquer les MGF depuis des décennies.37 Les organisations égyptiennes et internationales qui souhaitent aborder le sujet des MGF avec les populations déplacées au Soudan devraient donc veiller à adopter des approches respectueuses de la culture. Elles pourraient investir dans l’engagement communautaire, le renforcement des capacités et les partenariats pour lutter efficacement contre les MGF et soutenir les femmes et les filles qui en sont victimes.

Soyez sensible aux survivantes des MGF dans vos messages et dans la manière dont les services sont organisés. Les approches d’engagement communautaire doivent être sensibles dans la manière dont elles abordent l’abandon des MGF et les préjudices qu’elles entraînent, et anticipent les effets sur les survivantes. Les informateurs consultés pour ce rapport ont souligné que de nombreuses jeunes filles souffrent de dépression et de traumatismes lorsqu’elles prennent conscience des implications des MGF, ce qui entraîne des difficultés à accepter leur corps et à ressentir de la honte. Les femmes concernées doivent être impliquées dans l’élaboration et la révision des messages d’engagement communautaire pour éviter de créer des préjudices involontaires. Des protocoles de confidentialité stricts, y compris un accès discret aux services, sont également essentiels pour prévenir la stigmatisation et la honte, permettant aux femmes de demander de l’aide sans craindre d’être exposées.

Utiliser des matériaux déjà adaptés aux besoins des Soudanais. Les organisations qui cherchent à promouvoir l’abandon des MGF parmi les populations déplacées au Soudan pourraient envisager de s’inspirer des documents et des approches développés pour les populations égyptiennes ainsi que de ceux déjà développés pour le Soudan. L’Initiative Saleema39, par exemple, a été élaboré grâce à une collaboration à long terme entre le gouvernement soudanais, les institutions de l’ONU, les universitaires soudanais et la société civile. Ces idées sont peut-être déjà familières à de nombreuses populations soudanaises de différentes régions du pays.

Fin 2022, l’UNICEF recommandait aux organisations de s’attaquer aux MGF dans les populations soudanaises en travaillant avec les chefs religieux pour élaborer de nouveaux discours et arguments en faveur de l’abandon collectif des MGF. L’UNICEF a insisté sur la nécessité de faire passer les messages de plaidoyer des dangers et des conséquences négatives des MGF aux avantages pour la santé, l’hygiène et les autres aspects positifs de l’abandon de cette pratique.65 De nouveaux messages peuvent être élaborés conjointement avec les parents déplacés, les groupes de femmes et les dirigeants afin de s'assurer qu'ils reflètent les réalités et les préoccupations du nouveau contexte de déplacement. Les approches développées par Y-Peer au Soudan pour mobiliser les enfants et leurs parents par le biais de clubs scolaires pourraient également être efficaces en Égypte.

Renforcer les capacités et protéger les volontaires. En Égypte, les informateurs consultés pour ce rapport ont estimé que les activités de sensibilisation communautaire entreprises par des bénévoles déplacés étaient une approche efficace pour s'engager auprès des communautés déplacées et également identifier les filles exposées au risque de MGF :

« L’une des interventions les plus importantes est celle de sensibilisation communautaire, que nous appliquons principalement par l’intermédiaire de bénévoles formés de la même nationalité que la communauté de réfugiés, ce qui permet de comprendre et de personnaliser la sensibilisation en fonction des besoins de la communauté. »
(Chef de projet humanitaire, Egypte)

Les programmes qui font appel à des bénévoles pour discuter des MGF doivent être sensibles à la complexité de la situation des travailleuses déplacées et à leurs relations avec les autres membres de la communauté, et les aider à s'acquitter de leurs tâches. Au Kenya, les travailleuses réfugiées qui tentent de discuter des MGF se heurtent à l'opposition de leurs communautés qui les considèrent comme « non islamiques » et « contraires à la culture », ainsi qu'à des problèmes de sécurité personnelle, ce qui souligne la nécessité d'investir dans le soutien aux travailleuses déplacées dans les programmes humanitaires.66 Les programmes en Égypte devraient viser à renforcer les connaissances et les capacités des travailleurs déplacés afin qu’ils puissent discuter en toute confiance et avec sensibilité des impacts à long terme des MGF sur la vie des filles et des femmes et également travailler avec des bénévoles pour créer une dynamique d’équipe solidaire afin de résoudre les problèmes au fur et à mesure qu’ils surviennent.

Gestion de cas, orientation et soutien aux survivants

Reconnaître les besoins multidimensionnels des survivants. La gestion des cas vise à identifier les victimes de violences et à les orienter vers des services de conseil médical, juridique et/ou psychosocial. Dans les interventions humanitaires, la gestion des cas est utilisée pour tous les types de violences basées sur le genre, y compris les MGF. Cependant, en Égypte, les victimes de MGF ont tendance à ne pas signaler volontairement les faits et ne se manifestent dans les programmes que lorsqu'elles ont besoin d'une assistance médicale.30 Il est donc important d’intégrer des questions systématiquement posées sur les MGF dans les dépistages de routine des violences. Il serait également bénéfique d’établir des liens avec des groupes soudanais qui fournissent un soutien psychosocial en Égypte ou d’y associer.

Renforcer les capacités des sages-femmes à accompagner les femmes ayant subi des MGF de type 3. Dans les pays où les MGF sont rares, les prestataires de santé ne sont souvent pas conscients des difficultés auxquelles sont confrontées les femmes excisées lors de l’accouchement et des risques plus élevés d’infections et de complications qu’elles courent.7 Des défis similaires pourraient affecter les femmes soudanaises ayant subi une MGF de type 3 et bénéficiant de l’aide de prestataires en Égypte, plus familiarisés avec l’accouchement de bébés issus de femmes atteintes de MGF de type 1 et de type 2. La collaboration avec les obstétriciens et les sages-femmes soudanais en Égypte peut améliorer le renforcement des capacités réciproques.

Partager des informations sur les risques juridiques des MGF avec les populations déplacées. Dans les situations de déplacement, les populations migrantes et les travailleurs de la santé migrants sont souvent plus vulnérables à l’incarcération, à l’expulsion et aux amendes. Ils sont également exposés au risque d’exploitation parce qu’ils veulent éviter l’attention de la police et des autorités.67 Les discussions sur le recours aux services et canaux illégaux de MGF pour signaler les incidents de MGF doivent tenir compte des risques que courent les familles et les prestataires de MGF pour attirer l’attention des autorités. Les communautés déplacées, y compris les sages-femmes déplacées, doivent connaître les règles juridiques entourant les MGF en Égypte et les organisations au service des populations déplacées peuvent soutenir ce type de partage d’informations.

Donner du pouvoir aux survivants. Les praticiens humanitaires consultés pour cette note ont souligné le manque d’activités d’autonomisation économique et de moyens de subsistance qui répondent aux besoins spécifiques des populations déplacées de force, qui sont souvent systématiquement exclues du marché du travail en Égypte. Seules quelques organisations humanitaires intègrent la formation professionnelle à leurs interventions en matière de MGF et de VBG. L’autonomisation économique des femmes est un facteur important qui influence la pratique des MGF, les ressources économiques pouvant donner aux femmes le pouvoir de s’opposer aux MGF et aux pratiques néfastes qui pourraient affecter négativement leurs filles.68–70 Les programmes de formation devraient être conçus et dispensés en consultation avec les femmes déplacées afin de garantir l’acquisition des compétences nécessaires et d’améliorer la participation et l’autonomisation. L’art-thérapie et la thérapie par le sport ont également été cités comme bénéfiques pour les survivantes des MGF (notamment le théâtre interactif, le psychodrame, les cours de Zumba et de danse, etc.), aidant les populations déplacées à nouer des liens avec leur communauté et à diffuser une sensibilisation contre les MGF.

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Auteurs: Ce dossier a été rédigé par Meral Marouf (UNICEF MENA, [email protected], ORCID 0009-0007-8267-8745) et Jennifer Palmer (École d'hygiène et de médecine tropicale de Londres, LSHTM, [email protected], ORCID 0000-0001-7777-722X).

Remerciements : Des experts ont apporté leur contribution : Salma Samy (Care Egypt), Mohamed Abdellatif et Marwa Moawad (tous deux de Save the Children – bureau d’Assouan), Enaam Mohamed et Alaa Salah (tous deux de Sanad Safe Space) et Naglaa Mehana (Etijah). Le dossier a été révisé par Nasifa Bedri (Ahfad University for Women, Soudan), Hazel Barrett (Coventry University, Royaume-Uni), Engy Sawah (Institute of Tropical Medicine – Anvers, Belgique) et Nada Mustafa Ali (University of Massachusetts Boston, États-Unis). Le soutien éditorial a été assuré par Georgina Roche (équipe éditoriale de SSHAP). Ce dossier relève de la responsabilité de SSHAP.

Citation suggérée : Marouf, M. et Palmer, J. (2024). Considérations clés : les mutilations génitales féminines parmi les populations soudanaises déplacées en Égypte. Sciences sociales dans l'action humanitaire (SSHAP). www.doi.org/10.19088/SSHAP.2024.059

Publié par l'Institut d'études sur le développement : Octobre 2024.

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