Les scientifiques et les commentateurs internationaux ont observé de près les pays africains au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19, prédisant un désastre imminent : le virus devrait submerger des systèmes de santé déjà faibles. Ces attentes étaient nourries par l’imaginaire de l’Afrique comme site inévitable d’un désastre épidémique. Cet article s’appuie sur des témoignages de Sierra Leone, de Tanzanie et de République démocratique du Congo pour comparer les schémas de catastrophe mondiale avec les imaginations et les expériences quotidiennes de crise et de gestion de crise. À l’aide de recherches ethnographiques, l’article explore dans un premier temps comment le COVID-19 a été compris par rapport aux épidémies précédentes, du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) à Ebola, ainsi qu’aux conflits politiques. Il examine ensuite comment les récits de crise mondiale informent et sont en tension avec les expériences collectives et personnelles quotidiennes. L’article confronte ces réflexions empiriques aux débats théoriques sur la construction discursive de la crise et ses effets, et soutient que ces tensions sont importantes parce que les cadres de crise ont des conséquences.