Cet article analyse la production et la reproduction de la chefferie traditionnelle dans l’est de la RDC déchiré par la guerre à travers le cas d’un conflit de succession à Kalima (Sud-Kivu). Kalima a connu deux décennies d'instabilité politique et de conflits violents impliquant de nombreux acteurs locaux, nationaux et régionaux. Durant cette période, l’institution de la chefferie traditionnelle est restée politiquement importante.

Nous soutenons que cette importance est conditionnée par la croyance largement répandue en son authenticité et son caractère sacré et par l’imaginaire ethno-territorial de l’ordre politique congolais. Les deux sont historiquement produits à travers des rituels, des cérémonies et des récits d’origine qui confèrent du charisme à la chefferie traditionnelle et permettent aux chefs coutumiers d’accumuler des ressources et d’exercer leur autorité. Nous appelons cette capacité à gouverner par la notion de « coutume », de capital coutumier. Nous montrons également que le « capital coutumier » ne revient pas automatiquement aux chefs, et qu'il fluctue au fil du temps à mesure que différents acteurs entrent et sortent de la capacité d'exercer légitimement le capital coutumier.