L’humanitarisme est l’un des principaux moyens par lesquels les groupes chrétiens basés dans le Nord interviennent dans les États d’Afrique subsaharienne. Cependant, les études actuelles négligent les rôles d’agent joués par les acteurs religieux dans la fourniture de l’aide traditionnelle. Cela laïcise la gouvernance humanitaire, les « autres » acteurs religieux et soutient la représentation de l’aide mondiale comme un projet techniquement rationnel, contre lequel l’humanitaire fondé sur la foi semble intrinsèquement suspect. En m’appuyant principalement sur un travail de terrain mené à Juba, au Soudan du Sud, je soutiens que l’humanitarisme évangélique englobe des imaginaires « religieux » et « d’urgence » qui se chevauchent et parfois s’opposent. Grâce à eux, les évangéliques sont façonnés, négocient et répondent aux pressions structurelles, normalisatrices et pragmatiques du courant humanitaire dominant. Pour comprendre en quoi l’humanitaire religieux diffère des variantes laïques, il faut l’analyser comme faisant partie de l’ensemble hétérogène de l’humanitarisme mondial. Je me joins aux études récentes pour plaider en faveur d’analyses plus approfondies des dimensions sociales de l’aide confessionnelle. Cela met en lumière des dynamiques qui traversent l’humanitaire mondial dans son intégralité.