Cet article propose de passer du concept de catastrophe à celui de dévastation face aux conséquences destructrices du changement climatique. Il soutient qu’aujourd’hui, un discours sur les catastrophes liées au changement climatique est devenu dominant, dans lequel les catastrophes actuelles sont considérées comme les signes avant-coureurs d’un futur désastre climatique généralisé, produit d’un bouleversement de nature mondiale. L’article soutient qu’il faut dépasser la série de dichotomies sur lesquelles repose le discours sur les catastrophes liées au changement climatique : futur/passé, mondial/local, naturel/social. Présenter les catastrophes climatiques comme le produit du changement climatique mondial, et les conflits comme le produit de ces catastrophes climatiques, revient à occulter les formes de violence environnementale et l’expérience du changement climatique parmi les communautés touchées par les catastrophes. À travers une exploration de la sécheresse en Ouganda, l’article affirme que la catastrophe doit être comprise comme ancrée dans des processus de dévastation multiscalaires en cours, de longue date, produits par les histoires d’engagement humain avec l’environnement, y compris celle de la guerre.