Cet article explore l’expérience d’anciens rebelles devenus humanitaires dans l’est de la République démocratique du Congo. Il décrit comment les rebelles et les humanitaires naviguent dans un environnement politique turbulent, intégrant les connaissances qu'ils ont acquises grâce à leur expérience militaire dans une carrière dans le secteur humanitaire. La « distinction » entre combattants et humanitaires reste centrale dans l'imaginaire humanitaire. Cependant, les sphères rebelle et humanitaire sont liées entre elles par des individus qui non seulement négocient les relations entre les deux, mais évoluent également entre eux. Ils marchent sur une corde raide : leur passé rebelle est considéré comme une menace pour l'exercice d'une identité humanitaire « neutre », mais en même temps, il constitue une ressource pour faciliter l'accès aux groupes armés.

Malgré l'accent mis sur les principes de performance, les agences humanitaires s'appuient dans la pratique sur le savoir-faire de leurs employés, parfois acquis grâce à l'expérience des rebelles – l'identité même considérée comme antithétique au statut humanitaire.