Les agents de santé humanitaires opèrent dans des contextes dangereux et incertains, dans lesquels les erreurs et les échecs sont fréquents, ont souvent de graves conséquences et se répètent régulièrement, bien qu'ils soient documentés par de nombreuses études. Cet article de la série vise à discuter des échecs de l’humanitarisme médical. Nous décrivons pourquoi certains de ces échecs récurrents, qui ne sont souvent identifiés que bien plus tard, semblent insolubles : ils sont tellement ancrés dans l’action humanitaire qu’ils ne peuvent être résolus par de simples solutions techniques. Nous soutenons que les interventions de secours en matière de soins de santé doivent être contextualisées.

Peut-être que l’humanitarisme médical mérite une meilleure réputation que celle parfois ternie par des critiques injustes, résultant de principes directeurs inapplicables et d’attentes irréalistes. La situation actuelle n’est pas propice à des réformes radicales de la médecine humanitaire ; les crises complexes se multiplient et aucune solution politique, diplomatique ou militaire n’est en vue. Les agences de secours doivent rivaliser pour obtenir des ressources financières qui n'augmentent pas au même rythme que les besoins de santé. Pour éviter la répétition des échecs, il faut reconnaître les erreurs passées et y remédier par des politiques différentes de la part des donateurs, une documentation et une analyse plus solides des programmes et interventions humanitaires, une professionnalisation accrue, des relations améliorées et opportunistes avec les médias et de meilleures façons de travailler avec les acteurs locaux de la santé et à travers les institutions autochtones.