Dans cet article, j’étudie les constructions coloniales d’ethnicité et de territoire et leurs effets dans la période post-indépendance dans l’est de la République démocratique du Congo. L’argument central de l’article est que les constructions ethniques et territoriales mises en mouvement dans les luttes pour l’espace politique dans les conflits congolais sont conditionnées par ce que j’appelle « l’ethnogouvernementalité », qui désigne un ensemble hétérogène de rationalités et de pratiques biopolitiques et territoriales. du pouvoir concerné par la conduite des populations ethniques.

Grâce à l’ethnogouvernementalité, les autorités coloniales ont cherché à imposer des visions scientifiques ordonnées de l’ethnicité, des coutumes, de la culture, de l’espace, du territoire et de la géographie, à des cultures et des espaces ambivalents. Je montre que même si l’ethnogouvernementalité n’a pas réussi à produire la stabilité et l’ordre recherchés par les autorités coloniales, son régime ethno-territorial de vérité et de pratique a eu des effets durables sur l’estime de soi des gens et sur les luttes pour l’espace politique.