Les années 1990 ont vu un changement remarquable dans le discours des organismes donateurs et prêteurs internationaux. Le paradigme de la « magie du marché » de la décennie précédente a cédé la place à une stratégie « équilibrée » dans laquelle l’État avait un rôle crucial à jouer. La primauté de la croissance économique a cédé la place à l’accent mis sur la « réduction de la pauvreté », la pauvreté étant définie non seulement en termes de revenus mais comme un concept « multidimensionnel », couvrant également les faibles niveaux d’éducation et de santé, la vulnérabilité et l’impuissance. Pour répondre à ce vaste programme, les agences se sont tournées vers des experts en « développement social », apportant souvent un coup de pouce bienvenu à leurs propres équipes de développement social, auparavant quelque peu marginalisées.

Cette préoccupation pour les questions sociales et le contexte social a conduit à une demande considérablement accrue de nouvelles méthodologies et méthodes qui pourraient améliorer la « connaissance » et la « compréhension » des processus sociaux. Une batterie de « boîtes à outils », de « manuels » et de « livres de référence » ont été produits, dont chacun promettait non seulement de répondre à cette demande mais aussi de le faire rapidement, efficacement et souvent en partenariat avec la population locale. Ce document de travail passe en revue certaines des principales approches méthodologiques issues de cette période, en réfléchissant à la fois à leurs objectifs ambitieux et à leurs limites un peu plus prosaïques.