Cet article explore l'interaction entre la justice transitionnelle et les économies politiques « quotidiennes » de survie dans l'Acholiland post-conflit, au nord de l'Ouganda. Il avance deux arguments principaux. Premièrement, la justice transitionnelle – en tant que partie intégrante des programmes libéraux conventionnels de consolidation de la paix – promeut un répertoire de politiques normatives qui ont peu d’impact sur les réalités vécues de la responsabilité sociale dans les contextes post-conflit. Deuxièmement, en transcendant les frontières épistémologiques et ontologiques de la justice transitionnelle et en utilisant les concepts développés dans la littérature critique sur la consolidation de la paix – le « quotidien » et « l’hybridité » – une compréhension nuancée de cette dissonance émerge. S'appuyant sur un travail de terrain approfondi dans l'Acholiland au cours de la période 2012-2014, utilisant une série de méthodes de recherche qualitative, l'auteur examine les moyens par lesquels les gens négocient l'ordre social et moral dans le contexte de la vie post-conflit et analyse les tensions entre ces formes de l'activité « quotidienne » et la politique et la programmation actuelles en matière de justice transitionnelle dans la région.
Document de recherche