L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a révélé les limites de l’approche actuelle de la gouvernance mondiale des maladies infectieuses, qui mélange les intérêts de santé publique et de sécurité. Les efforts internationaux visant à renforcer la « sécurité sanitaire » ont rapidement échoué face à la faiblesse des systèmes de santé nationaux. Les tentatives coûteuses des gouvernements occidentaux pour renforcer la sécurité sanitaire mondiale en développant de nouvelles contre-mesures médicales, bien qu’importantes, n’ont pas abouti à un traitement ou à un vaccin unique, efficace et largement disponible avant l’apparition de l’épidémie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui avait fait du renforcement de la sécurité sanitaire mondiale un objectif stratégique, n’a pas été en mesure de mettre en place une réponse internationale rapide à l’épidémie en raison de sa structure institutionnelle et des récentes réductions de son département d’intervention en cas d’épidémie et d’urgence. En fin de compte, les gouvernements n’ont pu tenter de « devancer » la maladie qu’en adoptant une réponse fortement militarisée, arrivée trop tard pour les milliers de personnes déjà décédées, dont la durabilité reste incertaine et qui pose de profonds défis à des forces armées déjà surchargées. Le moment est venu de passer d’une approche axée sur la sécurité sanitaire et la réponse aux crises internationales à un système de gouvernance mondiale capable de faire face aux épidémies de maladies infectieuses de manière ordonnée, organisée et durable.