Cet article contribue aux débats sur la gouvernance humanitaire et l’insécurité dans les situations post-conflit. Prenant le cas du Soudan du Sud, il explore les relations entre les agences humanitaires, la communauté internationale et les autorités locales, ainsi que la manière dont les formes de pouvoir international et local deviennent interdépendantes et contestées. L'article s'appuie sur une recherche ethnographique menée dans divers endroits du Soudan du Sud entre 2011 et 2013, au cours de laquelle les expériences et les approches de l'insécurité parmi les acteurs de l'aide humanitaire ont été étudiées. L’étude a révélé que de nombreuses menaces à la sécurité peuvent être comprises en relation avec les pratiques quotidiennes de négociation et de maintien de l’accès humanitaire. Percevoir cette insécurité comme une violation d’un humanitarisme moral et pratique néglige la manière dont l’aide humanitaire, dans la pratique, a été intégrée dans des processus plus larges de construction de l’État. Cet article postule plutôt qu’une grande insécurité pour les acteurs humanitaires est un symptôme de la confusion entre les formes de pouvoir international et local, et que cela favorise le développement d’un protectorat humanitaire.