L’industrie humanitaire et du développement dans l’est de la RDC et la demande de recherche qualitative et quantitative qui l’accompagne ont créé une nouvelle économie politique de la recherche universitaire. Un large éventail d’associations de recherche et d’entreprises privées de collecte de données ont vu le jour pour répondre à cette demande des universités et des projets de recherche occidentaux. La dimension raciale de la recherche universitaire est rarement prise en compte, en partie parce qu’elle est souvent invisible aux yeux des chercheurs occidentaux blancs.
Cet article réfléchit sur la création et l'évolution d'une association à but non lucratif spécialisée dans la collecte de données dans les zones touchées par les conflits à l'est de la RDC. L'association a été conçue par des fondateurs congolais et européens comme une enclave contre le racisme qui imprègne les relations professionnelles dans la région, une expérience soutenue par un engagement collectif en faveur de la recherche universitaire et de l'égalitarisme. Rédigé du point de vue de trois de ses membres fondateurs, cet article analyse comment les répertoires discursifs racialisés et les biais cognitifs sont (ré)apparus au sein de l’organisation.