Cet article s'appuie sur une ethnographie du programme de soins post-avortement (PAC) du Sénégal, mené entre 2010 et 2011, pour illustrer comment les indicateurs de SAA occultent les complexités professionnelles et technologiques du traitement des complications de l'avortement dans des contextes où l'avortement est illégal. L’auteur soutient que les stratégies, technologies et indicateurs de SAA doivent être situés dans un cadre mondial de gouvernance reproductive, dans lequel l’avortement sécurisé a été omis des soins de santé maternelle et reproductive associés aux droits reproductifs. L’attention ethnographique portée aux pratiques obstétricales quotidiennes révèle non seulement comment les angoisses liées à l’avortement suppriment ironiquement les taux d’utilisation de l’aspiration manuelle par le vide qui sont censés transmettre la qualité des SAA, mais aussi comment elles suscitent et masquent simultanément la violence obstétricale contre les femmes.