Le 8 décembre 2023, le SSHAP a organisé une table ronde sur la recherche en sciences sociales sur la préparation et la réponse aux épidémies au Sénégal. L'événement était organisé à Dakar par le Centre Régional de Recherche et de Formation à la Prise en Charge Clinique de Fann (CRCF) basé au Centre Hospitalier National Universitaire (CHNU) et le Centre des Opérations d'Urgence Sanitaire (COUS). Elle s'est déroulée au Conseil National de Lutte contre le SIDA. Les objectifs étaient de :
- Partager des informations stratégiques issues principalement de la recherche en sciences sociales avec les différents acteurs impliqués dans la préparation et la réponse aux épidémies ;
- Aider les acteurs à mettre en place des interventions ciblées et adaptées aux futures épidémies ; et
- Mettre en évidence le rôle que les chercheurs en sciences sociales peuvent jouer dans la préparation et la réponse aux épidémies.
Ce rapport présente un résumé des réflexions issues de la table ronde. Le rapport comprend également des informations générales sur le système de préparation et de réponse aux épidémies du Sénégal ainsi que sur les défis auxquels le système est confronté. Ces informations complémentaires sont basées sur un examen d'articles scientifiques et de divers documents de santé publique et de sciences sociales provenant d'institutions de recherche et d'autres institutions.
Introduction
Le 2 mars 2020, le premier cas de COVID-19 a été détecté à Dakar, au Sénégal. Un peu plus d’un mois plus tôt, le 30 janvier 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré une urgence de santé publique de portée internationale liée au COVID-19. Cette déclaration a nécessité le déploiement de diverses mesures de riposte d’une ampleur sans précédent.
Le Sénégal a été régulièrement confronté à des épidémies de maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes. Chaque épidémie a nécessité la mise en œuvre de plans de préparation et de réponse. La dynamique de gestion des épidémies s’est renforcée après l’épidémie d’Ebola de 2014 à 2016, qui a nécessité de nouvelles stratégies de préparation et de réponse aux épidémies conformes aux recommandations de l’OMS.
La crise de la COVID-19 a rappelé aux autorités sanitaires nationales et internationales l’importance de mieux se préparer aux futures épidémies à tous les niveaux (social, économique, culturel et politique) en adoptant une approche interdisciplinaire, notamment l’approche One Health, qui intègre la santé humaine, animale et environnementale. Au Sénégal, les recherches en sciences sociales sur l’expérience et les effets de la COVID-19 ont montré que les mesures restrictives et coercitives mises en place ont exacerbé les vulnérabilités socio-économiques préexistantes et provoqué de fortes protestations au niveau communautaire. Des insuffisances dans la gestion de l’épidémie ont été révélées, mettant en évidence le manque de préparation et l’incapacité des institutions gouvernementales et sanitaires à prendre en compte les leçons tirées des épidémies précédentes.1 Ce rapport vise à partager les points clés de la table ronde et les informations contextuelles relatives à la gestion des épidémies au Sénégal.
Résumé des considérations
- Évaluer la réponse à la COVID-19, en tenant compte de l’expérience acquise dans la gestion des épidémies précédentes. Prévoir une évaluation interne et externe objective de la réponse pour chaque épidémie, à travers la mise en œuvre d’un audit organisationnel de la réponse à tous les niveaux du système de santé.
- Soutenir la structuration de la préparation et de la réponse aux épidémies en référence à des approches multisectorielles. Les épidémies nécessitent la mobilisation de tous les secteurs. Le système de préparation et de réponse aux épidémies doit donc adopter une approche multisectorielle, incluant et responsabilisant les acteurs communautaires.
- Promouvoir la coordination entre les acteurs à tous les niveaux du système de santé. Au Sénégal, les structures de réponse sont nombreuses à tous les niveaux du système de santé, du stratégique au périphérique. Cependant, le dispositif institutionnel et organisationnel de gestion des épidémies doit être réévalué pour éviter les conflits de compétences et la complémentarité des missions entre les structures de coordination. La coordination entre tous les acteurs impliqués dans la préparation et la réponse aux épidémies n’a pas été optimale lors de la riposte à la COVID-19.
- Mettre en place un système permettant de contextualiser les mesures de santé publique par des approches participatives. Les populations locales ont perçu les mesures de santé publique (mesures de distanciation physique et sociale, confinement et couvre-feu) comme inadaptées au contexte local. Certaines populations se sont senties délaissées, notamment les populations rurales ayant un accès limité aux services de santé, les populations vivant dans des quartiers urbains précaires et les populations les plus vulnérables. Des inégalités dans l’application des mesures ont été soulignées entre les personnes à hauts revenus et les groupes sociaux défavorisés. Ces mesures ont eu un impact important sur l’économie, notamment sur le secteur informel qui représente une part non négligeable. Cela a entraîné de fortes tensions au sein de la population et a renforcé la non-acceptation des mesures de santé publique par une partie de la population.
- Favoriser une communication transparente et appropriée. Durant la pandémie de COVID-19, la communication a été perçue comme manquant dans les communautés. La communication a été perçue par les chercheurs comme anxiogène, augmentant le sentiment de peur et d’effroi face à l’épidémie. La multiplicité des sources d’information dans les médias a favorisé la propagation de fausses informations et de rumeurs. Cette croissance de la désinformation et des rumeurs était due à un sentiment de défiance vis-à-vis des informations diffusées par les autorités sanitaires et politiques d’une part et les réseaux sociaux d’autre part. Les experts ont estimé qu’il était nécessaire de mettre en place un partenariat entre les différents acteurs de la riposte pour centraliser les informations et transmettre des messages fiables à la population. Pour lutter contre « l’infodémie », un mécanisme de feedback communautaire pourrait être mis en place.
- Renforcer l’implication de la communauté dans la réponse. Les acteurs communautaires ont un rôle essentiel dans la réponse. Ils peuvent transmettre des messages en langues locales et veiller au respect des mesures de santé publique. Cependant, ils n’ont pas été impliqués suffisamment tôt dans la gestion de l’épidémie et ont manqué de soutien financier et technique. Dans le cadre de la préparation aux épidémies, les acteurs communautaires, souvent mal outillés, devraient recevoir une formation sur l’émergence des épidémies et leurs conséquences. Il est également nécessaire de faciliter la co-construction des réponses aux épidémies avec les acteurs à tous les niveaux du système de santé. La gestion des épidémies doit également être orientée vers les plus vulnérables. Les différentes formes de vulnérabilité doivent être prises en compte pour favoriser une réponse inclusive.
- Impliquer les sciences sociales dès le départ. Les réponses biomédicales ont montré leurs limites. Les chercheurs en sciences sociales ont joué un rôle clé dans la gestion de diverses épidémies. Ils peuvent contribuer à analyser les dimensions politiques, sociales et économiques des épidémies et faciliter la compréhension des normes mondiales et des adaptations locales.
Informations générales
Contexte géodémographique
Le Sénégal se situe à l'extrême ouest du continent africain (voir figure 1). Il est bordé par l'océan Atlantique à l'ouest, la Mauritanie au nord, le Mali à l'est, la Guinée et la Guinée Bissau au sud et la Gambie, qui forme une enclave au sein du Sénégal. Le pays couvre une superficie de 196 722 km2 et est divisé en 14 régions administratives, 45 départements, 117 arrondissements et 557 communes.
Figure 1. Carte du Sénégal
Source : Amitchell125 : Wikimedia Commons. CC BY-SA 4.0.
Le climat sahélien est caractérisé par une courte saison des pluies entre juin et octobre. La pollution atmosphérique y est élevée, ce qui favorise le développement d'infections respiratoires aiguës et d'asthme.2
Selon les données du 5º Recensement général de la Population et de l'Habitat (RGPH-5) : Données de population, publiées en 2023, la population est estimée à 18 032 473 habitants (49,41 TP3T femmes et 50,61 TP3T hommes), dont la moitié a moins de 19 ans.3 Une grande partie de la population vit dans les grandes agglomérations. Dakar, la capitale, regroupe un quart de la population du Sénégal et présente une forte densité démographique (7 277 habitants au km2) ce qui favorise encore davantage la propagation des épidémies. Le Sénégal se classe au 170ème rang sur 189 pays selon l’Indice de Développement Humain ; les conditions économiques, éducatives et sanitaires restent donc médiocres.4
Système de santé
Le secteur social et sanitaire est structuré de manière pyramidale et est lié au découpage administratif du pays (voir figure 2).
Figure 2. Organisation du système de santé au Sénégal
Source : Tabitha Hrynick (SSHAP). Créé avec l'inspiration de Ministère de la Santé et de l'Action Sociale.
Le système de santé comprend :
- Niveau central : Élabore des documents de politique et des normes et assure leur mise en œuvre.
- Niveau intermédiaire/régional : Coordonne la mise en œuvre des politiques de santé.
- Niveau périphérique ou opérationnel : Les districts sanitaires qui dispensent des services de santé de proximité. En milieu rural, les soins sont dispensés au sein d’infrastructures de santé communautaires (cases de santé, maternités rurales). Ce niveau implique les acteurs communautaires, notamment les agents de santé communautaires (relais communautaires, Badienou Gokh). Une Badienou Gokh ou Matrone est une femme qui a reçu une formation et qui est chargée d’assister la mère pendant la grossesse, le travail, l’accouchement et les suites de l’accouchement (par exemple, respect des consultations prénatales, orientation des femmes pour s’assurer de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement) ; elle dispense également des soins préventifs et promotionnels dans une case de santé à l’instar d’un agent de santé communautaire.
Le Sénégal compte 79 districts sanitaires, 103 centres de santé et 1 415 postes de santé, qui sont eux-mêmes reliés à 2 676 cases de santé plus petites. Le secteur public compte également 36 hôpitaux et 4 établissements supplémentaires. Le secteur privé compte 275 410 établissements de santé privés.5
Situation sanitaire et épidémiologique
L’espérance de vie est passée de 56 ans en 1990 à 68 ans en 2022, après avoir atteint un sommet de 69 ans en 2019 et avoir chuté à 67 ans en 2020.6 On constate également une baisse constante des taux de mortalité infantile et juvénile entre 2005 et 2019 : mortalité infantile de 64 à 29 pour mille, mortalité infanto-juvénile de 64 à 8 pour mille et mortalité infantile de 121 à 37 pour mille.7 Cependant, les conséquences de l’épidémie de COVID-19 ont réduit la couverture vaccinale et favorisé la résurgence d’épidémies liées à des maladies infantiles, telles que la rougeole et la polio.
Gestion des épidémies
Acteurs et systèmes de gestion des épidémies
Au Sénégal, le ministère de la Santé et de l'Action sociale (MSAS) est chargé de coordonner la préparation et la réponse aux épidémies. En cas d'urgence de santé publique, le président de la République peut créer une cellule interministérielle au plus haut niveau de l'État. Au sein du MSAS, la division de la prévention est chargée de la surveillance et de la vaccination. Le Centre d'opérations d'urgences sanitaires (COUS) coordonne la préparation et la réponse aux urgences sanitaires.
Pour une approche intégrée de la gestion des épidémies, les orientations stratégiques du programme de sécurité sanitaire mondiale sont définies par le Haut Conseil national de sécurité sanitaire mondiale « One Health ». Le rôle de ce comité, créé en 2017, est d'assurer la collaboration et la complémentarité entre les domaines de la santé humaine, de la santé animale, de la santé environnementale, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la sécurité sanitaire des aliments, de la sécurité publique et de la sécurité civile.
Le Comité national de gestion des épidémies, mis en place au sein du MSAS en 2016 après l’épidémie d’Ebola, dispose de comités régionaux et locaux qui suivent l’évolution des maladies à potentiel épidémique. Ce comité supervise les activités de préparation, de prévention et de riposte. Le comité organise également l’évaluation de la réponse à toutes les épidémies conformément aux recommandations de l’OMS à travers le Règlement sanitaire international (RSI) – un instrument juridique international destiné à prévenir la propagation des maladies. Un point focal RSI a été mis en place ainsi qu’un comité local, départemental et régional de gestion des épidémies et un système de gestion des incidents.
Les différents « points d’entrée » aériens et maritimes – l’aéroport international Blaise Diagne et le port autonome de Dakar – sont dotés d’un dispositif de contrôle sanitaire. L’aéroport a élaboré un plan intégré de gestion des urgences de santé publique. Les points d’entrée terrestres au-delà des frontières du Sénégal avec d’autres pays voisins (Mauritanie, Mali, Guinée, Gambie et Guinée Bissau) sont soumis à un contrôle sanitaire. Des exercices de simulation en 2018 et 2022 ont permis de tester les capacités de réponse du COUS puis du Service de Santé des Armées.
Ainsi, le Sénégal dispose de différents plans stratégiques mobilisables en cas d’épidémie dont le Plan National d’Organisation des Secours en Cas de Catastrophe (ORSEC) qui comprend des plans d’urgences et de catastrophes sanitaires, un plan de sécurité sanitaire (2017-2021) et le plan stratégique du COUS (2019-2023).
Surveillance communautaire
Au Sénégal, la surveillance communautaire a été renforcée depuis l'épidémie d'Ebola. Des Comités de Veille et d'Alerte Communautaires, composés de personnes ressources choisies par les communautés, ont pour mission de détecter et de prévenir la survenue d'événements d'importance sanitaire, notamment les maladies à potentiel épidémique. Les membres de ces comités sont formés pour signaler tout cas ou événement sanitaire aux agents de santé en charge de la surveillance et assurer le suivi des alertes.
La surveillance communautaire utilise deux méthodes. La première méthode, la surveillance basée sur les indicateurs, consiste à identifier et à signaler les événements à l'aide d'indicateurs convenus, la définition communautaire des cas. La deuxième méthode, la surveillance basée sur les événements, consiste à signaler les événements inhabituels qui pourraient donner l'alerte sur les premiers stades d'une épidémie ou d'une autre menace pour la santé publique. Les membres du comité doivent signaler et orienter le cas identifié vers l'établissement de santé le plus proche. Les membres du comité peuvent également identifier les cas contacts pendant une épidémie.8
Ressources financières
Le budget national de la santé alloue une partie de ses fonds à la préparation et à la réponse aux épidémies.9 Une dotation annuelle de fonds publics pour la gestion des épidémies et le fonctionnement du COUS a été mise en place. Cette dotation est gérée par la Direction de la Prévention. Le COUS dispose également lui-même de fonds d'urgence mobilisables en cas d'urgence.10 Les partenaires internationaux contribuent également au financement de la gestion des épidémies. Toutefois, les participants à la table ronde ont reconnu que ce financement était insuffisant, en particulier pour la préparation.11
Réponse aux épidémies au Sénégal
VIH/SIDA
L'épidémie de VIH/SIDA s'est rapidement propagée dans le monde depuis que le premier cas a été signalé par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) des États-Unis en 1981. Le VIH/SIDA a été déclaré épidémie mondiale par l'OMS en 1988. En réponse à cette propagation mondiale, une politique nationale de lutte contre le SIDA a été mise en place au Sénégal. Le Conseil national de lutte contre le SIDA est l'organisme qui coordonne et oriente la réponse au VIH au Sénégal. Cet organisme travaille avec le gouvernement sénégalais et les organisations non gouvernementales internationales et nationales pour mener des campagnes de sensibilisation et lutter contre la stigmatisation des personnes séropositives. Il a également pour objectif de mettre à disposition des tests de dépistage gratuits et confidentiels et de promouvoir l'accès au traitement antirétroviral.
Selon un rapport de 2022 du Conseil National de Lutte contre le SIDA, on observe une baisse progressive de la séroprévalence dans la tranche d'âge de 15 à 49 ans, passant de 0,70% en 2005 à 0,31% en 2022.12 La couverture des médicaments antirétroviraux (ARV) a évolué entre 2013 et 2022 : elle est passée de 31,2% en 2013 à 80,4% en 2022.
En 2014, l’ONUSIDA a lancé le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, une stratégie mondiale visant à mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030, notamment l’initiative 95-95-95, qui désigne les trois cibles suivantes d’ici 2025 : 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; 95% des personnes diagnostiquées avec le VIH reçoivent un traitement antirétroviral (TAR) ; 95% des personnes sous TAR ont une charge virale indétectable. Le Sénégal est en bonne voie pour atteindre ces objectifs. En 2022, 88% des personnes vivant avec le VIH/sida au Sénégal connaissent leur statut sérologique, 91% étaient sous traitement antirétroviral et 90% avaient une charge virale indétectable.12
La participation active de la société civile a contribué à la bonne gestion de l’épidémie au Sénégal.13,14 L’implication de patients experts au sein d’associations de Personnes Vivant avec le VIH (PvVIH) a été identifiée par les chercheurs en sciences sociales comme essentielle à la gestion de l’épidémie, grâce à leur expertise médicale et à leur participation active à la prise de décision politique et clinique.15
Les sciences sociales ont également joué un rôle important dans la réponse au VIH/SIDA au Sénégal, à travers des recherches qui ont analysé les effets sociaux du VIH, le respect des prescriptions biomédicales16 et la vulnérabilité des populations vulnérables telles que les femmes, les homosexuels ou les consommateurs de drogues. Les sciences sociales ont également largement contribué à l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH et à la mise à disposition de traitements antirétroviraux.17
Ebola
Le premier cas d’Ebola a été identifié au Sénégal en août 2014. Il s’agissait d’un patient guinéen à Dakar. Le 21 août 2014, le Sénégal a fermé ses frontières avec la Guinée. Un système de surveillance active et de suivi des cas contacts a été mis en place avec la participation des agents de santé communautaires. Aucun nouveau cas n’a été signalé et la fin de l’épidémie a été déclarée le 17 octobre 2014.
Les recherches en sciences sociales menées durant l’épidémie d’Ebola ont montré les difficultés rencontrées par les acteurs pour jongler entre la gestion des soins et le respect des normes de biosécurité dans le suivi des cas contacts.18 Cette recherche a également souligné la nécessité d’humaniser les soins et d’organiser des enterrements dignes et sécurisés.19,20 Afin de promouvoir la mise en œuvre efficace de ces recommandations, l’OMS a invité des anthropologues à prendre part à la réponse.21,22
Rougeole
En 2009, la région de Dakar a connu une épidémie de rougeole, avec 314 cas confirmés. Une riposte vaccinale a été déployée dans tous les districts de la région sur une période de 10 jours, en utilisant des stratégies avancées et mobiles. Aucun décès n'a été enregistré.23
En 2019, quatre districts ont été confrontés à des épidémies : Dakar, Pikine, Kédougou et Saraya. Parmi les personnes dont les cas ont été confirmés, 95% n’avaient pas été vaccinées contre la rougeole.24
En 2023, 400 cas de rougeole ont été enregistrés sur la quasi-totalité du territoire national. La région de Diourbel a été la plus touchée, avec plus de 200 cas.25 Cette hausse est certainement due à la sous-performance du système de santé, liée à l'impact de la COVID-19 qui a déstabilisé la vaccination de routine. Les chercheurs ont observé une baisse considérable de la couverture vaccinale (autour de 40%) dans les hôpitaux.26
COVID 19
Le 2 mars 2020, le Sénégal a enregistré son premier cas confirmé de COVID-19. Le 23 mars 2020, le pays a déclaré l’état d’urgence national. Cela a conduit à la mise en œuvre de mesures très restrictives telles que le confinement, la distanciation physique, la fermeture des écoles et des lieux publics et le port obligatoire du masque. Ces mesures ont été considérées comme des « modèles importés » qui ne tiennent pas suffisamment compte des réalités locales.1 Ces mesures ont également eu un impact économique important, notamment dans le secteur informel et parmi les populations les plus défavorisées.27
L’épidémie de COVID-19 s’est déroulée en quatre vagues, avec une réponse essentiellement biomédicale centrée sur la prise en charge des cas et le dépistage. L’efficacité des stratégies de contrôle de la COVID-19 a été affectée par des difficultés de coordination, de communication, de financement et d’adaptation appropriée des ressources à différents niveaux du système de santé.27
Une étude menée au Sénégal a montré que les acteurs communautaires déjà actifs lors des précédentes épidémies, notamment dans la lutte contre le VIH/SIDA, se sont à nouveau mobilisés face à la COVID-19, et de nouveaux acteurs ont émergé (par exemple, l'initiative « 100 000 étudiants », la participation d'artistes et du Réseau des Volontaires Communautaires en Appui au Personnel de Santé).28 Malgré leur expertise, ces acteurs communautaires n’ont pas été impliqués dans la définition des stratégies et parfois dans leur mise en œuvre.28 Dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes scientifiques, les populations sceptiques quant aux mesures recommandées ont utilisé leurs propres savoirs expérientiels pour négocier la précarité croisée liée aux effets de l’épidémie.29
Un rapport de la Cour des comptes sur la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets du COVID-19, estimé à 19.740.000 milliards de FCFA, a dénoncé de nombreuses irrégularités dans la gestion de ce financement.30
Le Sénégal est l’un des pays où le taux de vaccination contre la COVID-19 est le plus faible, avec seulement 81% de la population vaccinée contre la COVID-19 à la fin de 2021.31 Alors que la campagne de vaccination contre la COVID-19 a débuté en mai 2021, des études ont montré que l'acceptabilité des vaccins varie selon la vague épidémique, en raison de multiples incertitudes, d'une formation inadéquate des professionnels de santé et de difficultés d'approvisionnement en vaccins.32,33La pandémie de COVID-19 a également été marquée par la désinformation dans les médias et les réseaux sociaux, renforçant la méfiance dans la gestion de l’épidémie et du vaccin.33,34
Participants et ordre du jour de la table ronde
Haut-parleurs
- Adja Ndiaye, Secrétaire Permanente, Haut Conseil National de la Sécurité Sanitaire Mondiale (HCNSSM)
- Dr Anthony Billaud, consultant, Organisation mondiale de la santé (OMS)
- Abdou Salam Fall, Enseignant et chercheur en sociologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD)
- Karim Diop, secrétaire général, Centre Régional de Recherche et de Formation (CRCF)
- Khoudia Sow, anthropologue, CRCF
- Mme Marème Soda Ndiaye, Directrice Exécutive, Réseau des Volontaires Communautaires en Appui au Personnel de Santé (REVOCAP)
- Mme Mariam Boyon, Assistante de recherche, CRCF
- M. Massogui Thiandoum, Directeur technique, Alliance Nationale des Communautés pour la Santé, ANCS Sénégal
- Pape Samba Dieye, Directeur Exécutif, Centre des Opérations d'Urgence Sanitaire (COUS)
- Tidjane Ndoye, Enseignant-chercheur en sociologie, UCAD
Participants
- Abdourahmane Ndiaye, Directeur de la Santé, Croix-Rouge
- Aïssatou Niang, Responsable administrative et financière, Centre Régional de Recherche et de Formation (CRCF)
- Dr Albert Gautier Ndione, Chercheur et Enseignant en Sociologie, Université Cheikh Anta Diop (UCAD)
- Alioune Badara Gueye, Directeur, CRCF
- Amadou Ndiaye, Logisticien, Secrétariat Exécutif du Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS)
- Dr Babacar Ndao, Médecin-Chef de Gendarmerie, Direction de la Santé des Armées (DSSA) / Ministère des Affaires Étrangères (MEA)
- Bakary Sylla, informaticien, CRCF
- Dr Bernard Taverne, Anthropologue, Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites Virales (ANRS) / Institut de Recherche pour le Développement (IRD) /CRCF
- Camille Giacomel, Volontaire Internationale pour le Réseau en Anthropologie des Epidémies, IRD/CRCF
- Christine Sokhna Thiandoum, Médecin stagiaire, CRCF
- Diabou Gueye, Assistant logistique, CNLS
- Dr Diambogne Ndour, Chef de la Planification, Centre des Opérations d'Urgence Sanitaire (COUS)
- El Hadj Baytir Samb, Président, Réseau Relais Communautaire
- Dr Ibra Diagne, Directeur adjoint, COUS
- Khady Seck Ngom, Assistante de programme, CRCF
- Dr Khoudia Sow, Chercheuse, CRCF
- Lamine Bara Gaye, Directeur, Service National d'Education et d'Information Sanitaire et Sociale (SNEISS)
- Mamadou Sylla Fofana, Comptable, CRCF
- Mame Samba Ndiaye, Informaticien, CRCF
- Mame Yacine Mbodj, Assistante de recherche, CRCF
- Mariam Boyon, assistante de recherche, CRCF
- Mariata Delphine Bousso, assistante de recherche, CRCF
- Marième Soda Ndiaye, directrice générale, Réseau des Volontaires Communautaires en Appui au Personnel de Santé (REVOCAP)
- Momath Wade, stagiaire administratif et financier, CRCF
- Dr Mouctar Ly, Docteur, Cellule d'Appui au Partenariat (CAP) / Ministère de la Santé et de l'Action Sociale (MSAS)
- Mouhamadou Diallo, Chercheur, MSAS
- Moustapha E. Dia, Responsable de la Santé Communautaire, Université Alioune Diop de Bambey (UADB)
- Sokhna Badji, Responsable Financière, CRCF
- Pr Tidiane Ndoye, Chercheur et Enseignant en Sociologie, UCAD
- Yaly Marame Ngom, Unité d'Appui à la Gestion Administrative et Financière (UGAF) / CNLS
- Dr Youssouf B. Gueye, Responsable des Opérations, COUS
Ordre du jour
Temps | Activité | Haut-parleurs |
09h00 à 10h00 | · Introduction
· Présentation du SSHAP · Présentation du programme de bourses |
Dr Karim Diop
Docteur Khoudia Sow Mme Mariam Boyon |
10h15 à 11h00 | Présentation sur la gestion des urgences de santé publique au Sénégal | Dr Pape Samba Dieye, COUS |
11h00 à 11h30 | Restitution des résultats de recherche au Sénégal (Projet Préparation à la Pandémie (PPP), Coronavirus Afrique Mobilisations Communautaires (CORAFMOB°) | Docteur Khoudia Sow |
11h30 à 12h30 | Panel sur la préparation aux épidémies
· Le rôle des sciences sociales : évaluation de la pandémie de COVID-19 · Thèmes prioritaires en sciences humaines et sociales : Préparation des communautés et recherche en sciences humaines et sociales |
Prof. Abdou Salam Fall
Professeur Tidjane Ndoye Représentant du Ministère de la Santé (COUS, DP) Dr Adja Ndiaye, Haut Conseil National pour la Sécurité Sanitaire mondiale Mme Marème Soda Ndiaye, REVOCAP M. Massogui Thiandoum, ANCS Dr Anthony Billaud, OMS |
12h30 à 13h00 | Questions, réponses et discussions | Représentants de la SSHAP |
14h00 à 15h00 | Travail de groupe : identification des besoins prioritaires pour la préparation et la validation des thèmes de recherche | Tous les participants |
15h00 à 16h30 | Plénier | Représentants des groupes de travail |
16h30 à 17h00 | Clôture et prochaines étapes | Animateur |
Les références
- Faye, SLB (29 mars 2020). La distanciation sociale au Sénégal, un remède au Covid-19 qui a du mal à passer. La conversation. http://theconversation.com/la-distanciation-sociale-au-senegal-un-remede-au-covid-19-qui-a-du-mal-a-passer-134810
- Elhadji, SF (4 janvier 2019). La pollution de l'air fait tousser Dakar. National Geographic. https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2019/01/la-pollution-de-lair-fait-tousser-dakar
- Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD). (29 décembre 2023). 5o Recensement général de la Population et de l'Habitat (RGPH-5) : Données de population [5o Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH-5) : Données démographiques. https://www.ansd.sn/Indicateur/donnees-de-population
- FAO. (sd). FAO au Sénégal: Le pays en un coup d'œil. Récupéré le 15 juillet 2024, sur https://www.fao.org/senegal/la-fao-au-senegal/le-pays-en-un-coup-doeil/fr/
- Maîtrise en sciences de l'information et de la communication (MSAS). Plan National de Développement Sanitaire et Social (PNDSS) 2019-2028. https://sante.gouv.sn/sites/default/files/1%20MSAS%20PNDSS%202019%202028%20Version%20Finale.pdf
- Banque mondiale. (sd). Espérance de vie à la naissance, total (années) — SénégalDonnées ouvertes de la Banque mondiale. Récupéré le 24 juin 2024, sur https://data.worldbank.org
- Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie. (2019). Situation Economique et sociale du Sénégal 2019. Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération.
- Maîtrise en sciences de l'information et de la communication (MSAS). Guide technique national pour la surveillance intégrée de la maladie et de la riposte : Troisième édition. MSAS. https://www.sante.gouv.sn/sites/default/files/gudie%20national%20de%20la%20surveillance_1.pdf
- Ministère de la Santé et de l'Action. (sd). Le projet de budget du Ministère de la Santé et de l'Action sociale pour l'exercice 2022 voté. Retrieved 12 May 2024, from https://www.sante.gouv.sn/Pr%C3%A9sentation/le-projet-de-budget-du-minist%C3%A8re-de-la-sant%C3%A9-et-de-laction-sociale-pour-lexercice-2022
- Sawadogo, B., Fall, B., Ndoye, B., Sonko, I., Bandoh, DA, Kenu, E. et Lokossou, V. (2022). Évaluation de la capacité de préparation et de riposte aux urgences sanitaires du Sénégal. Journal d'épidémiologie interventionnelle et de santé publique, 5(2). https://doi.org/10.11604/JIEPH.supp.2022.5.2.1265
- Institut Pasteur. (2024, 9 avril). 40 ans de découverte du VIH: Les premiers cas d'une maladie mystérieuse au début des années 1980. Institut Pasteur. https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/40-ans-decouverte-du-vih-premiers-cas-maladie-mysterieuse-au-debut-annees-1980
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Auteurs: Ce rapport a été rédigé par Khoudia Sow (CRCF) et Mariam Boyon (CRCF).
Citation suggérée : Sow, K. et Boyon, M. (2024). Rapport de la table ronde : Préparation et réponse aux épidémies au Sénégal. Sciences Sociales dans l'Action Humanitaire (SSHAP).
www.doi.org/10.19088/SSHAP.2024.034
Publié par l'Institut d'études sur le développement : Juillet 2024.
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