La protection des artistes en période de conflit n'a pas de cadre spécifique dans le droit international humanitaire. Toutefois, les sites, les objets et les institutions culturels sont protégés. Les défenseurs des "droits culturels" comprennent que les artistes qui sont spécifiquement persécutés doivent être protégés pour avoir défendu les droits de l'homme. Les artistes sont pris pour cible pendant les conflits, tout comme la culture matérielle, en raison de leur contribution symbolique à la société. En période de conflit armé, les artistes ont peu d'endroits où aller. Cette situation s'aggrave dans les conflits prolongés qui s'étendent sur plusieurs générations. Dans le Sud-Soudan d'aujourd'hui, le conflit a chassé les artistes en quête de protection et de liberté d'expression. Cet article apporte des preuves empiriques du Sud-Soudan pour révéler comment les artistes vivent le manque de protection et comment ils deviennent des acteurs informels de la protection. L'identification des stratégies d'autoprotection permet d'ouvrir la voie à des recherches plus approfondies sur les phénomènes sociaux et politiques ayant un impact sur les territoires contestés ou les lieux touchés par une violence symbolique de longue durée. Dans ces contextes, ce chapitre montre les voies empruntées par les artistes non seulement pour se mettre à l'abri, mais aussi pour poursuivre leur travail en exil.