De nombreuses organisations humanitaires contemporaines tirent leur légitimité de leur prétention à protéger les civils. Pourtant, ce que ces organisations font en son nom comprend un éventail d'activités diverses et contestées qui sont souvent très éloignées de ce que les publics mondiaux et les populations affectées considèrent comme constituant une protection. Comme d'autres l'ont fait remarquer, cela empêche toute discussion honnête sur la question de savoir quand et comment les humanitaires sont bien placés pour protéger les civils de la violence et des menaces. Pour commencer à combler cette lacune, nous examinons ce que trois organisations humanitaires bien connues disent publiquement avoir fait pour protéger des étrangers dans le cadre de trois crises violentes et prolongées. Nous nous intéressons à la manière dont elles décrivent leurs activités, aux logiques qu'elles leur attribuent et à ce qui n'est pas dit. Nos conclusions suggèrent que les humanitaires doivent, une fois de plus, collaborer à l'élaboration d'un cadre de protection commun qui indique mieux ce que les autres peuvent attendre d'eux. Nous identifions également une convergence émergente autour de l'idée que les dénonciations de pair à pair, la résolution des conflits, le soutien à l'autoprotection et aux stratégies de protection communautaire et l'amélioration des relations entre l'État et la société peuvent constituer des formes importantes d'activités de protection. Il est donc nécessaire de dresser un bilan public de ce qui peut, ne peut pas, doit ou ne doit pas être fait pour protéger les civils dans de tels contextes.