Mes recherches qualitatives dans le sud-est de la République démocratique du Congo suggèrent que les enseignants associent la violence subie à leur rôle de représentants de l'État. Trois éléments évoquent la méfiance de la milice : l'alphabétisation, les téléphones portables et la mobilité. Il semblerait que les milices supposent que les enseignants utilisent ces éléments pour coopérer avec les militaires. Cet article considère donc ces éléments comme des symboles de l'État et démontre comment un État doté de faibles capacités globales peut avoir une signification significative pour la vie quotidienne des enseignants sous la forme de l'image de l'État.

Ainsi, l’article jette un éclairage critique sur les approches qui encadrent le (re)déploiement des enseignants dans des contextes touchés par des conflits autour de la normalité et de la résilience. Comme les enseignants ne peuvent échapper à leur affiliation à l’État, ils vivent dans une proximité troublante avec des personnes qui se sont retournées contre eux et qui pourraient le faire à nouveau. Puisque les raisons du conflit restent sans réponse, les enseignants deviennent à contrecœur les représentants d’un système étatique dans lequel ils sont eux-mêmes structurellement négligés.