Au cours de la dernière décennie, les viols (des femmes) et le viol métaphorique (des ressources naturelles) en République démocratique du Congo ont reçu une attention sans précédent de la part des médias, des donateurs et des groupes de défense. À partir du début des années 2000, ces deux récits (l’implication des groupes armés et des forces de l’État dans l’exploitation illégale des ressources et la prévalence généralisée des violences sexuelles dans l’est de la RDC) ont fusionné pour former une relation directe de cause à conséquence, dans laquelle le viol est présenté comme un problème. outil d’accès aux richesses minérales. À travers une analyse d’articles médiatiques et de rapports d’organisations de défense des droits de l’homme, cette étude retrace l’élaboration de ce récit sur les ressources du viol, en le juxtaposant à des débats universitaires plus larges et à des études critiques. Le récit concentre efficacement l'attention sur un ensemble restreint d'acteurs et d'espaces dans les conflits du Congo, mettant en valeur chacun de ces acteurs/espaces de manière particulière tout en obscurcissant le rôle des autres. Pour cette raison, des dynamiques clés sont absentes du récit, telles que le contexte historique, la dynamique des conflits sexospécifiques et l'activité et la mobilisation des groupes armés/civils, qui sont essentielles pour comprendre l'ampleur et la portée de la violence dans la région de manière plus large et la perpétration de cas de viol plus particulièrement. Le dénouement du récit sur les ressources du viol révèle sa toxicité en limitant les interventions efficaces et en fermant les récits alternatifs.