Le mariage des enfants est un obstacle bien connu à l’éducation et expose les filles à un risque accru de violence ainsi qu’à d’autres conséquences négatives sur leur santé et leur développement. Une enquête quantitative a été menée auprès de filles sélectionnées dans 14 communautés du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). Les données de 350 filles (âgées de 13 à 14 ans) ont été analysées à l'aide de modèles de régression logistique à effets mixtes. Les résultats ont révélé que le mariage des enfants était associé à des niveaux plus faibles de participation à l’éducation formelle ainsi qu’à des taux plus élevés de violence physique, sexuelle et émotionnelle. En particulier, après ajustement en fonction de l'âge et du niveau de participation des filles à l'éducation formelle, le fait d'être marié était associé à un risque plus de trois fois supérieur (OR : 3,23) de subir des violences sexuelles (p < 0,001). Les filles mariées étaient également significativement plus susceptibles d'affirmer qu'elles seraient forcées d'épouser leur agresseur en cas de viol (p = 0,017), ce qui suggère qu'une partie des filles de cet échantillon pourrait avoir vécu ce phénomène. Même si des niveaux plus élevés de participation à l’éducation formelle étaient associés à un risque réduit de violence chez les filles non mariées, ces différences n’étaient pas observées chez les filles mariées. Les résultats révèlent que le mariage des enfants a un effet négatif significatif sur la relation entre le niveau de participation des filles à l'éducation formelle et les expériences de violence. Pris cumulativement, les résultats de cette étude suggèrent une relation globalement néfaste entre le mariage des enfants et la sécurité, l'éducation et le bien-être des filles, et que des efforts pour prévenir son apparition en RDC et au-delà sont nécessaires de toute urgence.