La citoyenneté substantielle est la capacité d'un individu à influencer ceux qui gouvernent. Afin d'évaluer cette « capacité », cette étude a examiné les pouvoirs de sanction détenus par des individus ou des groupes et les mécanismes de responsabilisation dont ils disposent dans trois villages du territoire de Bikoro en République démocratique du Congo (RDC). Plus spécifiquement, l'article examine les relations de pouvoir et la responsabilité des autorités locales impliquées dans les interventions forestières et de développement, afin de comprendre les effets de ces interventions sur la citoyenneté substantielle. L’étude a révélé que les agences forestières et de développement ont choisi de s’associer avec des autorités coutumières fondées sur l’identité et des organisations non gouvernementales fondées sur des intérêts au lieu des autorités locales de l’État et de l’absence de gouvernement local élu.

Ces institutions choisies ne sont pas directement responsables devant la population locale, mais leur partenariat avec des agences forestières et de développement de plus haut niveau leur a donné des pouvoirs publics sur les ressources. Cela les a placés dans une position d'autorité sur ceux qui utilisent ces ressources publiques en l'absence de gouvernement local élu. Même si ces institutions locales habilitées sont ouvertes à une certaine influence locale, les populations locales n’ont pas la capacité d’influencer de manière substantielle les décisions prises par ces institutions locales choisies – elles ne peuvent donc pas s’impliquer pleinement en tant que citoyens. Cette étude de cas suggère que la reconnaissance d'institutions locales basées sur l'identité et/ou les intérêts par les agences qui promeuvent actuellement la foresterie de carbone en RDC exacerbe les relations de pouvoir inégales existantes et restreint davantage la démocratie locale inclusive et la participation efficace des communautés aux processus de prise de décision.