La politique actuelle de santé mondiale est dominée par la préoccupation des maladies infectieuses et en particulier des maladies infectieuses émergentes ou réémergentes qui menacent de « sortir » des schémas établis de prévalence ou de virulence vers de nouvelles zones et de nouvelles victimes. Cet article cherche à relier un ensemble de discours dominants sur les épidémies et les maladies infectieuses à ce que l’on appelle souvent l’architecture, ou le paysage organisationnel, de la politique mondiale de santé. Une série de dichotomies permet de distinguer et de valoriser les politiques épidémiques. Les modèles de maladie à contraction rapide ou lente, les modèles culturels mondiaux et locaux, et les modèles de connaissances officiels et non officiels fournissent des catégories selon lesquelles les politiques peuvent être évaluées, conçues et mises en œuvre. En conséquence, la politique à l’échelle mondiale a eu tendance à être orientée vers la lutte contre les épidémies très ponctuelles qui menacent de traverser les frontières internationales plutôt que vers les problèmes endémiques à plus long terme qui affectent les personnes les plus vulnérables.

Ne pas répondre à de tels changements à long terme pourrait rendre le système mondial lui-même plus vulnérable au fil du temps. Les changements récents dans le paysage organisationnel de la santé mondiale ont créé de nouvelles relations de pouvoir, ainsi qu'une incertitude quant aux organisations, le cas échéant, qui « contrôlent » la politique de santé mondiale. En outre, le Règlement sanitaire international révisé de l'OMS, pleinement mis en œuvre en 2007, entraîne des changements importants dans la manière dont les épidémies sont gérées à l'échelle mondiale, englobant pour la première fois des sources d'information non officielles. Les questions de coordination, d’intégration et d’harmonisation sont donc apparues au premier plan. Cet article analysera comment ce nouveau paysage organisationnel et le cadrage des maladies épidémiques interagissent. Fondamentalement, il explorera l'effet de cette interaction sur la capacité de la communauté mondiale de la santé à répondre aux menaces de maladies de toutes sortes. Il montrera que ni la complexité organisationnelle, ni « l'ouverture », ni les lignes rigides de commandement et de contrôle ne peuvent garantir la résilience face à des risques imprévisibles. Au lieu de cela, des méthodes sont nécessaires pour encourager la rétroaction et l’intégration entre les récits concurrents sur la santé et la maladie.