S'appuyant sur un travail ethnographique de terrain en Argentine et au Sénégal, cet article explore la manière dont les agents de santé ont adapté le modèle mondial de soins après avortement de manière à remettre en question et à renforcer simultanément les interdictions nationales de l'avortement. Même si le modèle mondial de soins après avortement visait à dépolitiser le problème de l'avortement à risque, les auteurs soutiennent que les décisions cliniques et de tenue des dossiers des agents de santé sont résolument politiques dans la mesure où elles contribuent à un dossier épidémiologique qui fait souvent plus pour obscurcir que pour élucider l'incidence de l'avortement.