Certains affirment que l’État congolais reste pour l’essentiel hors de propos en dehors de sa capitale ou même que le Congo n’existe pas. D’autres soutiennent que l’ordre étatique ne manque pas, mais qu’il se caractérise par un régime prédateur et une extorsion (privatisée). Cet article met ces deux affirmations en perspective et évalue comment différents acteurs redéployent diverses rationalités et pratiques de l’État. Basé sur un travail de terrain au Sud-Kivu, il examine la formation de l'autorité publique sur le territoire de Kalehe (est de la RDC), où de nombreux acteurs armés et autres ont revendiqué et exercé le pouvoir.

L'article souligne que les revendications concurrentes de ces acteurs à l'autorité publique sont intimement liées aux luttes de territoire et ressemblent et reproduisent les pratiques et normes étatiques antérieures. L’idée d’État semble être un objet de référence principal déployé par ces acteurs pour légitimer leurs revendications, tant elle résonne encore avec les imaginaires sociaux de l’ordre public.