Bien qu’il soit courant que les groupes armés se divisent (ou se « fragmentent ») dans des contextes de guerre civile multipartite, les orientations actuelles en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) ne répondent pas aux défis qui surviennent lorsque des combattants récalcitrants, peu disposés à dénoncer leurs actes, au DDR, rompre les rangs et former de nouveaux groupes armés. Cette Note pratique aborde cette question en tirant les leçons du contexte multipartite de la RDC et des expériences d'anciens membres de trois groupes armés : le Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), le Congrès national pour la défense de le Peuple (CNDP) et l’Armée nationale de la RDC (FARDC). Si les résultats indiquent que la fragmentation des groupes armés peut encourager la désertion et la participation ultérieure au DDR, ils montrent également que les groupes armés actifs peuvent surveiller les programmes de DDR et traquer ceux qui se démobilisent. Une remobilisation peut suivre, soit lorsque des groupes armés actifs ciblent les ex-combattants pour les réenrôler de force, soit lorsque les ex-combattants se remobilisent dans les groupes armés de leur propre choix. Compte tenu de cette dynamique, les praticiens dans des contextes de paix partielle pourraient trouver utile d’envisager des méthodes non traditionnelles de DDR telles que le recours à des patrouilles mobiles et à des unités mobiles de désarmement. La réinstallation temporaire des ex-combattants vers des zones sûres, exemptes de groupes armés, ou vers des camps d’assistance transitoire protégés, peut également contribuer à minimiser la remobilisation pendant la phase de réintégration.