L'aide humanitaire est axée sur la "protection". Il n'est pas simple de décider qui protéger et contre quoi, en particulier lors d'une pandémie. En Ouganda, les politiques de protection contre le COVID-19 ont privilégié l'endiguement en réduisant les mouvements et en sécurisant les frontières. Les réfugiés ougandais ont été décrits comme particulièrement vulnérables au COVID-19 et nécessitant donc une protection, tout en étant perçus comme une menace pour la sécurité sanitaire. Cet article explore de manière critique le confinement et la protection en se concentrant sur l'autoprotection des réfugiés. Une recherche ethnographique a été menée pendant le COVID-19 dans le camp de réfugiés de Palabek, dans le nord de l'Ouganda, parmi les réfugiés du Sud-Soudan. Contrairement aux politiques d'endiguement qui limitent la mobilité afin de "protéger", les résultats de la recherche montrent que l'autoprotection comprend des frontières sociales dynamiques autour du campement et exploite la mobilité. Cette dernière s'est appuyée sur les dynamiques sociales, politiques et historiques de la frontière entre le Soudan (du Sud) et l'Ouganda. Des frontières sociales efficaces autour de Palabek n'ont été créées que lorsque les politiques d'endiguement étaient légitimes. Les frontières ont été contournées lorsque la légitimité s'est estompée et que des défis socio-économiques plus vastes, notamment en ce qui concerne l'insécurité alimentaire, ont été mis en avant. Si les humanitaires et le gouvernement ougandais avaient compris qu'il était essentiel d'envisager l'autoprotection, ils auraient peut-être accordé plus d'attention à la légitimité à long terme des politiques d'endiguement du COVID-19 parmi les réfugiés.