Début 2014, un conflit violent avait éclaté dans une grande partie du Soudan du Sud suite aux premières violences à Juba le 15 décembre 2013. La rapidité avec laquelle les combats se sont propagés soulève des questions quant à l'impact de la politique nationale sur la violence au niveau local. Cet article développe un cadre dans lequel le conflit violent peut être appréhendé comme une réponse à l'interruption de la négociation de l'équilibre des pouvoirs entre les groupes ; la négociation est interrompue lorsque la balance penche en faveur d’un groupe, par exemple en raison de changements sur le marché politique national ou de réformes gouvernementales. L’article présente deux études de cas de tentatives de renforcement de l’État qui ont interrompu par inadvertance les relations de pouvoir locales entre groupes. En réponse, les groupes se sont engagés dans un conflit violent pour rétablir l’équilibre des pouvoirs. Les deux exemples concernent des conflits entre groupes Dinka de 2005 à 2008.