Les maladies zoonotiques posent actuellement à la fois des menaces majeures pour la santé et des défis scientifiques et politiques complexes, auxquels la modélisation est de plus en plus appelée à répondre. Dans cet article, nous soutenons que la meilleure façon de relever les défis est de combiner plusieurs modèles et approches de modélisation qui élucident les divers processus épidémiologiques, écologiques et sociaux à l’œuvre. Ces modèles ne doivent pas être compris comme une science neutre informant les politiques de manière linéaire, mais comme ayant une vie sociale et politique : des normes et des valeurs sociales, culturelles et politiques qui façonnent leur développement et qu’ils véhiculent et projettent.

Nous développons et illustrons cet argument en relation avec les cas de la grippe aviaire H5N1 et d’Ebola, en explorant pour chacun l’éventail des approches de modélisation déployées et la manière dont elles ont été co-construites avec une politique particulière. Aborder la dynamique complexe et incertaine des maladies zoonotiques nécessite que ces vies sociales et politiques soient explicitées dans des approches qui visent la triangulation plutôt que l’intégration, et des formes plurielles et conditionnelles plutôt que singulières de conseils politiques.