Suite à la déclaration par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'une urgence de santé publique de portée internationale concernant l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en juillet 2014, l'UNICEF a été invité à codiriger, en coordination avec l'OMS et les ministères de la santé des pays touchés, le composante communication et mobilisation sociale - que l'UNICEF appelle communication pour le développement (C4D) - de la réponse à Ebola. Pour la première fois dans une situation d'urgence, la C4D a été formellement intégrée à la réponse nationale de chaque pays, aux côtés de composants plus classiques tels que les fournitures et la logistique, la surveillance et les soins cliniques. Cet article décrit les leçons apprises sur la mobilisation sociale et l'engagement communautaire dans la réponse d'urgence à l'épidémie d'Ebola, avec un accent particulier sur le travail C4D de l'UNICEF en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Les leçons ont émergé grâce à une évaluation menée par l'UNICEF à l'aide de 4 méthodes : une revue de la littérature des documents clés, des rapports de réunions et d'autres articles ; des discussions structurées menées en juin 2015 et octobre 2015 avec des experts de l'UNICEF et de la société civile ; une enquête électronique, lancée en octobre et novembre 2015, auprès du personnel du gouvernement, de l'ONU ou de toute organisation partenaire ayant travaillé sur Ebola (N = 53) ; et entretiens avec des informateurs clés (N = 5).

Après avoir triangulé les résultats de toutes les sources de données, nous avons distillé les enseignements dans 7 domaines principaux : (1) stratégie et décentralisation : développer une stratégie C4D globale avec les communautés au centre et une programmation décentralisée pour faciliter la flexibilité et l'adaptation au contexte local ; (2) coordination : établir un leadership C4D doté de l'autorité nécessaire pour coordonner les partenaires et imposer l'utilisation de procédures opérationnelles standard comme outil central de coordination et d'assurance qualité ; (3) pénétrer et impliquer les communautés : investir dans les principaux canaux de communication (tels que la radio) et dans les membres de confiance de la communauté locale ; (4) messagerie : adapter continuellement les messages et les stratégies à mesure que les caractéristiques de l'épidémie évoluent au fil du temps ; (5) partenariats : investir dans des partenariats stratégiques avec la communauté, les chefs religieux, les journalistes, les stations de radio et les organisations partenaires ; (6) renforcement des capacités : soutenir un réseau de professionnels locaux et internationaux dotés de capacités en matière de C4D et pouvant être déployés rapidement ; (7) suivi des données et des performances : établir des indicateurs clairs de processus et d'impact C4D et s'efforcer d'analyser les données en temps réel et de fournir un retour rapide aux communautés et aux autorités pour éclairer la prise de décision. En fin de compte, la communication, l’engagement communautaire et la mobilisation sociale doivent être formellement placés dans l’architecture mondiale de la réponse humanitaire avec un financement approprié pour soutenir efficacement les futures urgences de santé publique, qui sont autant un phénomène social que sanitaire.