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Le fellowship de SSHAP (la plateforme des sciences sociales dans l’action humanitaire) vise à préparer les spécialistes des sciences sociales ainsi que les intervenants dans les réponses humanitaires. L’objectif est d’assurer la disponibilité de l’expertise capable d’agir efficacement  lors des urgences liées à la santé, aux conflits ou à l’environnement. Nous avons été particulièrement motivés par le programme de formation composé entre autres de :

  • Séances de travail en petits groupes entre boursiers
  • La réalisation de la cartographie des réseaux de spécialistes
  • Un programme de formation professionnelle adapté

Aux termes de la bourse, nous avons pu développer des compétences sur plusieurs thématiques, notamment :

1)  L’analyse Contextuelle Rapide à distance

La campagne de vaccination qui s’est tenue au lendemain de l’épidémie d’Ebola en Guinée a connu des perturbations dans plusieurs localités du fait des rumeurs qui présentaient la vaccination comme un danger pour la santé. La perception de la vaccination par les populations a également affecté les activités du projet d’essai vaccinal que nous mettons en œuvre. Cette expérience met en évidence le rôle primordial de l’analyse contextuelle rapide à distance qui aurait dû précéder la campagne de vaccination. Cela aurait permis d’examiner le contexte socioculturel, politique, économique et de proposer une stratégie adaptée. Après avoir suivi la session qui traite de l’analyse contextuelle rapide avec la SSHAP dans son programme de bourse, je me sens mieux outillé et compte m’en servir dans mes activités quotidiennes.

2)  Rendre la recherche des sciences sociales  opérationnelle

Le rôle des sciences sociales dans les réponses humanitaires n’est plus à démontrer. L’étude clinique PREVAC/PREVAC-UP qui est dans sa sixième année représente un défi majeur en termes de mobilisation sociale et d’engagement communautaire compte tenu du caractère dynamique du contexte. L’opérationnalisation de la recherche des sciences sociales dans un tel projet est gage de succès et cela devrait être connu à la fois par les promoteurs d’études et les agents de terrain. A travers la session de la SSHAP qui a abordé ce thème j’ai pu intégrer la recherche opérationnelle en identifiant des questions émergentes suivi de recherches sur le terrain. Avec mes collègues de travail, nous avons entrepris une étude qui a pour but de déterminer les facteurs favorisant la réalisation des visites de suivi ainsi que les obstacles rencontrés par les participants de l’étude.

3)  L’économie politique

La bourse de la SSHAP m’a apprise à élargir mon champ d’investigation en tant que spécialiste des sciences sociales. En effet, j’estime que les spécialistes en sciences sociales se focalisent en grande partie sur les logiques culturelles qui poussent des communautés à refuser des décisions gouvernementales or l’étude de l’économie politique a été pour moi un moyen d’apprendre à identifier les inégalités socio-économiques et structurelles déjà existantes, exacerbées lors de crises et qui peuvent expliquer certaines résistances.

4)  Le travail en binôme et des profils variés

La particularité de la bourse de la SSHAP nous propose un système de travail en binôme composé d’un spécialiste des sciences sociales et d’un professionnel de l’humanitaire afin d’élaborer une cartographie de réseaux et une ébauche de note stratégique. Au sein de la bourse, travailler dans ce contexte nous a permis d’obtenir différents points de vue sur les crises mais aussi d’appréhender différents modes de travail. Par ailleurs, la possibilité d’avoir des séances en petits groupes lors des sessions en échangeant autour de certaines questions créaient des espaces de travail interactifs et permettaient de briser la glace entre nous. Les connaissances et les aptitudes des uns et des autres nous permettaient d’engager de pertinentes discussions autour des thèmes proposés. Au Centre de recherche régional de formation à la prise en charge en clinique (CRCF/Sénégal), là où je mène mes recherches, le travail en équipe pluridisciplinaire est de mise (santé communautaire, santé publique, pharmacologie, médecine, socio-anthropologues) mais suite à cette formation j’estime qu’il serait intéressant de mettre en place ces espaces de discussions autour des crises humanitaires et voir comment se préparer à de nouvelles urgences en équipe.

5)  La cartographie de réseaux

La cartographie des réseaux a été une expérience très instructive pour moi et me sera utile dans le cadre d’un projet sur la préparation aux épidémies dans lequel je suis impliquée. L’objectif de la cartographie des réseaux était d’identifier des institutions et de contacter des acteurs clés dans le domaine des sciences sociales et de l’humanitaire au sein de notre zone géographique qui seraient prêts à collaborer avec la SSHAP en cas de futures crises. Cet exercice m’a permis de prendre contact avec des acteurs clés de la lutte contre les épidémies qui seraient pour moi, de potentiels informateurs.

Conclusion

Aujourd’hui et plus que jamais, pour apporter des solutions concrètes face aux urgences humanitaires et appliquer les leçons que nous avons apprises lors des précédentes crises, il est primordial de travailler en interdisciplinarité afin de mutualiser des compétences à la fois pratiques et analytiques. En plus d’être une plateforme d’apprentissage et de partage des connaissances, la bourse de la SSHAP nous offre ce cadre de travail multidisciplinaire et des outils concrets pour agir en contexte de crise. Si vous êtes un spécialiste des sciences sociales ou un professionnel de l’humanitaire, nous vous encourageons vivement à postuler au prochain programme de bourse. Vous n’en sortirez que plus outillé et enrichi.

 

5 things I learnt from the SSHAP fellowship

Français ci-dessus

 

The Social Science in Humanitarian Action Platform (SSHAP) Fellowship aims to equip social scientists and humanitarian response workers with the expertise to apply social science effectively in health, conflict and environmental emergencies. We were both fellows who recently completed the programme, which included:

  • Small group work sessions between fellows
  • The mapping of specialist networks
  • A tailored professional training programme

At the end of the fellowship, we were had developed skills on several topics, including:

1) Rapid Contextual Analysis at a distance

The vaccination campaign held following the Ebola epidemic in Guinea was disrupted in several localities by rumours that vaccines were a health hazard. People’s perception of vaccination also affects the vaccine trial project that we are implementing. This experience highlights the critical role of rapid environmental scanning, which should have preceded the vaccination campaign. This would have allowed us to examine the socio-cultural, political and economic context and adapt an appropriate strategy. After attending the SSHAP fellowship session on rapid environmental analysis, I feel better equipped with the tool and intend to use it in my daily activities in Guinea.

2) Operationalising social science research

The role of social sciences in humanitarian responses is well established. The PREVAC/PREVAC-UP clinical study, which is in its sixth year, represents a major challenge for social mobilisation and community engagement, given the dynamic nature of the context. Operationalising social science research in such a project will help ensure its success, and this should be attempted by both the study designers and fieldworkers. Through the SSHAP session that addressed this theme, I was able to integrate operational research by identifying emerging issues followed by field research. With my work colleagues, we undertook a study to determine the factors favouring the implementation of monitoring visits as well as the obstacles encountered by the participants of the study.

3) Political economy

The SSHAP fellowship taught me to broaden my field of study as a social scientist. While social scientists focus largely on the cultural dynamics which lead communities to resist government interventions, a political economy approach enabled me to learn to identify the already existing socio-economic and structural inequalities, exacerbated during crises, which can explain certain resistances.

4) Working in pairs and varied profiles

The unique offer of the SSHAP fellowship is that we work in pairs with a social scientist and a humanitarian professional to develop a network map and a draft strategy paper. Working in this way allowed us to get different perspectives on crises, and also allowed us to understand different ways of working. In addition, having small group sessions during the programme helped with creating interactive working spaces and helped to break the ice between us. The diversity of knowledge and skills allowed us to engage in dynamic discussions around the proposed themes. At the Regional Research Centre for Training in Clinical Care (CRCF/Senegal), where I conduct my research, multidisciplinary teamwork is the norm (community health, public health, pharmacology, medicine, socio-anthropologists), but following the SSHAP fellowship, I feel that it would be interesting to set up more discussion spaces around humanitarian crises and prepare for new emergencies as a team.

5) Network mapping

Network mapping was a very helpful tool for me to learn, and will be useful to apply to a project on epidemic preparedness which I am working on. The objective of the network mapping is to identify institutions and contact key social science and humanitarian actors within our geographical area who would be willing to collaborate with SSHAP in the event of future crises. This exercise allowed me to make contact with key actors in the fight against epidemics.

Conclusion

Today, more than ever, in order to provide concrete solutions to humanitarian emergencies and apply the lessons we have learned from previous crises, it is essential to work in an interdisciplinary way to pool both practical and analytical skills. In addition to being a platform for learning and sharing knowledge, the SSHAP Fellowship provided us with this multidisciplinary framework and concrete tools for action in crisis situations. If you are a social scientist or humanitarian professional, we strongly encourage you to apply for the next fellowship programme – you will be better equipped and enriched by the experience.

 

Applications for the next phase of the Fellowship, which will be held online in English, are now open. Apply before 27 March 2023.